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6 octobre, 2024
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Sanctions et isolement diplomatique : Bazoum, le grand dilemme de Tiani

Le dilemme se corse pour la junte nigérienne. Plus de quatre mois après les événements du 26 juillet 2023, le général Tiani se rend à l’évidence : la solution de l’équation passe [nécessairement] par la libération de Bazoum Mohamed.

Un refrain éculé

Comme ses modèles (Goïta du Mali et Traoré du Faso), le général Tiani s’est aussi essayé au ‘’discours souverainiste’’ pour tenter de donner un label de légitimité aux événements du 26 juillet 2023 :  « La réaction populaire observée dans tout le pays démontre pourtant à suffisance que l’action des Forces de Défense et de Sécurité regroupées au sein du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie répond clairement à l’exaspération de l’écrasante majorité du peuple Nigérien qui se sent délivré », a déclaré l’ancien chef de la garde présidentielle. Il est clair que ce refrain éculé n’a point convaincu la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) qui a décidé d’un tour de vis singulièrement rude contre le Niger. C’est peu de le dire, la CEDEAO et l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) ont soumis notre pays à une pression extrême. Malheureusement, l’espoir de voir le bout du tunnel s’est évanoui à l’issue du sommet de l’organisation ouest-africaine qui s’est tenue ce 10 décembre 2023 à Abuja.

Les lignes ont bougé

Pour rappel, ce 7 décembre, la Cour de justice de la CEDEAO a jugé irrecevables des requêtes contre les sanctions qui étouffent notre pays depuis le 30 juillet. « Une entité résultant d’un changement anticonstitutionnel de gouvernement et non reconnue par la CEDEAO comme gouvernement d’un État membre ne peut pas, par nature, engager une procédure devant la Cour pour obtenir des avantages ou un sursis », a fait savoir l’instance judiciaire. Un coup dur pour le CNSP pris à la gorge par des défis qui s’amoncellent au fil des semaines. Quoique conciliante à bien des égards, la sentence décrétée par le dernier Sommet des Chefs d’États et de Gouvernement n’est pas pour réjouir le CNSP. Concernant la situation au Niger, les conclusions de la 64e Session ordinaire de la CEDEAO se résument ainsi : maintien des sanctions. L’atténuation de ces mesures reste conditionnée à la libération de Bazoum Mohamed et des personnalités emprisonnées depuis le 26 juillet. « L’organisation sous-régionale ne ferme pas la porte du dialogue. Outre le président du Togo très impliqué dans le dossier, les chefs d’État du Bénin et de la Sierra Leone ont été désignés pour se rendre au nom de la CEDEAO à Niamey », apprend-on. C’est clair, les lignes ont bougé. Mais pas dans le sens espéré par le général Tiani. Certainement pas.

Un dilemme nommé Bazoum

Le deal proposé par la CEDEAO aux autorités de Niamey comporte l’option d’une « transition de courte durée conduisant au rétablissement de l’ordre constitutionnel ». En d’autres termes, la balle est désormais dans le camp de la junte nigérienne. Seulement, l’idée de libérer Bazoum Mohamed pour un exil dans ‘’un pays tiers convenu d’un commun accord’’ n’est pas près de rencontrer l’approbation du CNSP. C’est du moins le constat de plus d’un observateur. « Bazoum n’est pas en prison, il est dans la résidence qu’il occupe quand il était au pouvoir », a déclaré le général Tiani ce 10 décembre au soir. Elle est où la nuance quand on sait que Bazoum Mohamed ne jouit pas de ses libertés ? En vérité, ce dernier constitue un énorme dilemme pour le CNSP. Plus de quatre mois après les événements du 26 juillet 2023, le général Tiani se rend à l’évidence : la solution de l’équation passe [nécessairement] par la libération de Bazoum Mohamed. À ce sujet, la CEDEAO reste droit dans ses bottes : « Sur la base des résultats de l’engagement du comité des chefs d’État avec le CNSP, l’autorité va progressivement alléger les sanctions imposées au Niger », a déclaré Omar Touray, le président de la commission de la CEDEAO.  D’une certaine manière, le général Tiani et ses compagnons d’armes du CNSP se retrouvent dos au mur. Ils n’ont pas trente-six solutions, pour ainsi dire. La libération de Bazoum Mohamed ouvre la voie à la décrispation, au dialogue, à la sortie de crise. C’est l’option à privilégier. 

Sidi Tiégoum

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