Que d’attentes à satisfaire ! Après l’euphorie des premières semaines fallacieusement patriotiques, le moment est venu de voir le maçon devant le mur. Quid de la dégradation de la sécurité et de la mauvaise gouvernance dont parlait le chef de l’État dans son message inaugural ? L’espoir ne semble point permis comme un poussin tué dans l’œuf. Car, les gradés censés s’occuper de l’amélioration de la situation sécuritaire se sont d’entrée de jeu retrouvés administrateurs de État, des régions, de communes ou de sociétés et entreprises. Donc, un manque à gagner que ne pourrait significativement compenser la bravoure des gabarits moyens laissés sur le terrain.
D’où la recrudescence des attaques ici et là, même si l’opacité semble marquer la gestion de ce secteur, y compris d’ailleurs dans les deux autres pays dirigés également par des militaires. Les cordonniers, dit-on, sont les plus mal chaussés ! Et pour l’heure, nonobstant la formation d’une trilatérale putschiste, les autorités peinent à juguler le fléau djihadiste, que les généraux commis à cette fin parvenaient pourtant, sous l’ère démocratique, à s’y montrer à la hauteur comme l’avait, publiquement reconnu le Général Mody. De surcroît, avec la suspension des financements de l’Union Européenne, ne risque-t-on pas d’assister à une bérézina, fatale pour la stabilité et le développement du Sahel ? D’où sans doute, la quête officielle de l’accompagnement du Groupe Wagner, pourtant connu pour faire main basse sur les ressources naturelles, mais aussi pour son déficit de discernement dans les exactions à l’endroit des paysans et éleveurs. Cupide et insatiable, Wagner ne cherchera t-il pas d’ailleurs à convoiter le pactole du Fonds de Solidarité laborieusement ponctionné auprès des entreprises, sociétés et populations largement éprouvées depuis l’arrêt de l’aide humanitaire internationale ? On ne construit d’ailleurs pas un pays en collectant les dessous des matelas, encore moins en développant une logorrhée patriotiste de mauvais aloi. Il s’agirait là, bien entendu du degré zéro de la gouvernance, que jusque-là, aucun régime, même militaire de transition n’a eu à implémenter. L’illusion n’a que trop duré, la réalité brute apparaît désormais sous toutes ses facettes.
Aussi, faudrait-il comprendre les manifestations continues de soutien à la junte comme un cri d’alarme lancé par les quartiers, les villages, les communes et les jeunes, , paupérisés, ne pouvant plus tenir davantage quatre mois après le coup et donc concomitamment la cessation des activités des ONG humanitaires. Loin d’être une marque de solidarité agissante avec le nouvel homme fort voire la soldatesque, ces déclarations populaires, parce que anachroniques, ne sont donc ni plus ni moins qu’un appel au secours, la survie étant devenue de plus en plus difficile : pauvreté grandissante, famine, insécurité, chômage, etc, gangrenant les ménages, abreuvés de discours creux sur la patrie ou la trilatérale putschiste.
Il s’agirait donc de répondre concrètement à ces attentes fortes et urgentes, la junte ayant solennellement pris l’engagement de faire mieux que le régime précédent. Pour l’heure, Anne, ma sœur Anne, je ne vois rien venir, je ne vois que les courtiers et garçons de courses des officiers s’activer derechef pour mobiliser derechef ce peuple martyr, je ne vois que les restrictions des libertés, de manifestation notamment pour une catégorie de citoyens et les interpellations des proches de la famille Bazoum, comme si désormais la valeur Égalité des citoyens devant la loi était bannie de la devise du Niger. Anne, ma sœur Anne, je ne vois que des mercenaires russes planter leur camp dans ce pays et racketter les régimes militaires des trois pays occupant les derniers classements sur l’indice IDH du PNUD !
Anne, ma sœur, la solution à nos problèmes ne pourrait donc guère venir d’une gouvernance Kamamini ! La fin d’une illusion !
Souley Adji
