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6 octobre, 2024
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Niger vs CEDEAO :  Yusuf Tuggar dénonce la posture non dialogique de la junte de Niamey

La junte nigérienne est-elle disposée à négocier avec la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour résoudre la crise politico-institutionnelle née du coup d’Etat du 26 juillet dernier ? Non, à en croire le ministre des Affaires étrangères de la République Fédérale du Nigeria, Yusuf Tuggar, dont le pays assure la présidence en exercice de la Conférence des Chefs d’Etat de la CEDEAO.

Dans un entretien qu’il a accordé à la BBC, cette semaine, le chef de la diplomatie nigériane n’est pas passé par quatre chemins pour dénoncer la posture non dialogique du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).

Le ministre Yusuf Tuggar est ferme : la junte nigérienne n’est pas disposée au dialogue en ce sens qu’elle ne souhaite même pas que la question de la libération du président Mohamed Bazoum soit abordée lors des futures négociations entre elle et la CEDEAO. Cette posture frise le bellicisme et l’aberration dans la mesure où la libération de Bazoum semble être la voie la plus élémentaire pour une issue favorable à la crise actuelle.

« Pour les militaires au pouvoir, la libération de Bazoum ne doit pas faire partie des négociations, c’est un point non négociable », a déclaré sur les ondes de la BBC le chef de la diplomatie nigériane. Pourtant, à en croire Yusuf Tuggar, la libération du président Bazoum constitue la voie la plus simple, la moins onéreuse pour obtenir la levée des sanctions de la CEDEAO contre le Niger.

Selon Yusuf Tuggar, « les militaires qui ont opéré la forfaiture du 26 juillet 2023 sont responsables de la situation dans laquelle végètent les nigériens. C’est pourquoi, ils doivent libérer le président Bazoum même s’il faut lui trouver un refuge dans un autre pays en dehors de l’espace CEDEAO. Nous ne sommes plus dans la dynamique de rétablissement du président Bazoum. Nous avons même suggéré à la junte de trouver d’un commun accord le pays d’accueil au président Bazoum mais ils ont dit niet ».

Yusuf Tuggar a dit que la CEDEAO n’a pas l’intention d’accueillir Bazoum dans un des pays de son espace pour faire montre de la bonne foi des Chefs d’Etat tout en dénonçant la détérioration de la situation sécuritaire du pays dans un contexte où les militaires ont instauré un équilibre de la terreur précaire.

Au moment où les militaires sont dans une lutte de positionnement pour le contrôle du pouvoir d’Etat à Niamey, les terroristes sont en train de sévir sur les populations, a fait observer le chef de la diplomatie nigériane.

Cette posture de la junte dément ses professions de foi sur sa disposition à dialoguer avec la CEDEAO au regard de la précarité et de la détresse dans lesquelles les Nigériens végètent consécutivement aux sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA. On se rappelle des appels au dialogue lancés respectivement par le général Mohamed Toumba, membre de la junte, à Lomé, et le chef de celle-ci, le général Abdourahmane Tiani, récemment à Bamako.

Rappelons qu’en début de cette semaine, au Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité, le président Macky du Sénégal a déclaré : « (…) la démocratie, la stabilité institutionnelle et le développement économique et social ne peuvent s’accommoder de facteurs déstabilisants que sont le populisme, le radicalisme et les extrémismes de tous bords ». Certains ont tôt de voir une pierre lancée dans le jardin de la junte nigérienne.

C’est justement le défi actuel du Sahel face à ce que Moussa Tchangari a appelé ‘’le péril militariste’’. Après quatre mois d’intrusion des militaires, on se rend à l’évidence que les généraux aux commandes du Niger naviguent à vue : sans vision, sans programme économique et social, sans perspectives après avoir créé une situation intenable pour la majorité des nigériens. Si on n’y prend garde, si la junte persiste dans sa posture non dialogique, nul doute que la levée des sanctions contre le Niger par la CEDEAO n’est pas pour demain.

Le chef de la diplomatie nigériane vient d’alerter l’opinion publique de ne pas s’attendre au miracle lors des prochaines instances de la CEDEAO tant que la junte continue de souffler le chaud et le froid. La situation du Niger est extrêmement grave pour penser que le populisme et le « patriotisme » constituent la panacée pour sortir le pays de l’ornière.

La rédaction

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