Réunis ce 13 février 2022, les partis membres de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN),
se sont chaudement félicités de l’exercice du pouvoir de la Majorité Présidentielle « sous la conduite
éclairée de Son Excellence Monsieur MOHAMED BAZOUM, Président de la République, Chef de
l’Etat et du bon fonctionnement des institutions de la République qui augure des lendemains
meilleurs pour notre pays » (sic). Un front sociopolitique apaisé. Une opposition politique aux
abonnés absents. Une embellie sécuritaire certaine.
Des indicateurs macroéconomiques rassurants. Bref, un ciel dégagé. Le Niger vogue sur un long fleuve tranquille, pour reprendre l’expression. La MRN a toutes les raisons d’acclamer le président de la République. « Quand tout va bien on peut compter sur les autres, quand tout va mal on ne peut compter que sur sa famille », cette maxime chinoise résume parfaitement la situation dans laquelle s’est retrouvé Bazoum Mohamed depuis le 26 juillet dernier. Dès les tout premiers jours de ces événements, nombre de pontes de la mouvance présidentielle se sont, d’une manière ou d’une autre, désolidarisés de l’homme qu’ils ont soutenu pour accéder à la magistrature suprême.
« Je souhaite vivement que s’instaurent des initiatives nationales afin que soit trouvée une issue heureuse à cette crise », a dit Seyni Oumarou dans un communiqué qu’il a publié ce 1 er août. Le dirigeant du MNSD-Nassara et de l’Alliance pour la République (APR) a été un artisan majeur de l’élection de Bazoum Mohamed. Pour signer son communiqué, Seyni Oumarou s’est présenté en ‘’ancien président de l’Assemblée nationale’’.
L’allégeance au CNSP est on ne peut plus claire ce, moins d’une semaine après l’irruption de l’armée
sur la scène politique nationale. Quant à Albadé Abouba, il s’est voulu nettement moins explicite : «
Nous demandons instamment au Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) de
garantir la sécurité et l’intégrité physique du Président Bazoum Mohamed […] », a laissé entendre
le leader du MPR-Jamhuriya. L’ancien compagnon politique de Tanja Mamadou s’est prononcé tout
en subtilité, pour ainsi dire. C’est de l’équilibrisme politique à l’état pour. Certains membres de la
MRN ont préféré opter pour un silence énigmatique. Ils se sont abstenus du moindre communiqué.
Ces alliés de Bazoum Mohamed qui ont choisi de faire le dos rond espèrent ainsi une certaine
‘’marge de manœuvre’’ quelle que soit l’issue des événements en cours. Ce faisant, ils s’évitent les
foudres des autorités militaires tout en préservant une certaine fidélité envers Bazoum Mohamed.
Toujours au sein de la MRN, on y trouve des leaders qui s’acoquinent (en toute discrétion ou
ouvertement) avec l’aile du PNDS-Tarayya hostile à Bazoum Mohamed. Comme on dit, l’ennemi n’est
jamais bien loin. Les masques tombent au fur et à mesure que les semaines s’égrènent.
Au final, il n’en restera autour de Bazoum Mohamed que ses seuls véritables alliés et autres compagnons foncièrement fidèles aux principes démocratiques. Ainsi va la politique au Niger. Les intérêts personnels priment sur toutes autres considérations.
Ekadé Warzagan
