Classiquement, les syndicats ont pour vocation la défense des intérêts matériels et
moraux de leurs adhérents. La défense des intérêts professionnels ne peut se
conduire, avec une réelle efficacité, que lorsque l’espace public est démocratique et
encadré par les lois. C’est cela qui confère la sécurité aux dirigeants syndicaux pour
mener leurs mandats sans crainte d’être entravés par des manœuvres des pouvoirs
publics en vue de les mettre en échec.
Dès lors, on comprend toute la pertinence de la lutte menée par l’USN, les syndicats
et certains partis politiques pour l’avènement d’un ordre démocratique, en 1990, au
prix du sang d’au moins trois scolaires.
Comme tétanisés depuis les événements du 26 juillet 2023, les syndicats nigériens
ont relégué à l’arrière-plan les revendications fondamentales, celles qui conditionnent
la survie de leurs adhérents, comme en témoignent les marches et meetings de ce
week-end en faveur du CNSP. Comment des syndicats qui ne peuvent plus rien
revendiquer, pas même le salaire qui est payé désormais à terme déchu, préfèrent-
ils battre le pavé pour apporter un soutien au CNSP. A-t-il besoin de soutien puisqu’il
semble bien tenir les manettes du pouvoir ? Quid des revendications sur la
revalorisation du salaire ou du SMIG ou encore des parcelles destinées aux
travailleurs.
Jusque dans les années 1980, les syndicats avaient connu ce qu’on appelait la
« participation responsable ». En peu de mots, il s’agissait pour les syndicats
d’accompagner le pouvoir politique, sans rien entreprendre qui puisse le gêner dans
son action. Bien sûr, cela se fait au détriment des intérêts fondamentaux des
travailleurs. Heureusement, quelques rares syndicats ont tenu tête à cette option, à
l’époque.
Osons espérer que l’on ne vit pas le remake de cette politique collaborationniste,
presque 40 ans, après l’avoir abandonnée. Pourtant, avec les régimes issus
d’élections, les syndicats sont très revendicatifs, voire exigeants, cherchant en
permanence et à coups de déclarations tonitruantes à avoir le maximum d’acquis
possibles au profit des travailleurs.
Qu’est-ce qui a alors changé pour que nos syndicats changent radicalement de ligne
de conduite passant de syndicats revendicatifs à syndicats labou sannistes ?
La Rédaction
