Annoncé deux jours seulement après le coup d’Etat du 26 juillet 2023 par le président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP), chef de l’Etat, le général Abdourahamane Tiani, le dialogue national inclusif peine à se tenir. Il est devenu comme l’horizon qui s’éloigne à mesure que l’on s’y approche. Ce dialogue national était censé donner le top départ de la transition dans notre pays.
En décembre 2023, c’est en grandes pompes que le Premier ministre Ali Mahamane Lamine Zeine avait lancé les premières assises régionales à Agadez. L’engagement était qu’il fasse le tour des huit régions pour se prêter au même exercice. Depuis, plus rien. Il a fallu le 25 juillet 2024, dans un message marquant le premier anniversaire de l’avènement du CNSP au pouvoir pour entendre le général Tiani annoncer la mise en place d’un comité appelé à faire la synthèse des rapports des régions. Ce comité était à l’œuvre depuis deux mois déjà.
A la vérité, pas grand-monde a suivi la tenue des assises régionales. Personne ne se souvient que les régions ont tenu des assises pour produire la synthèse régionale.
C’est bien récemment que les présidents et rapporteurs des assises régionales ont été conviés à Niamey pour des séances de travail. C’est dans la même dynamique qu’on apprend la création d’un comité restreint d’organisation présidé par Monsieur Larwana Ibrahim, ancien secrétaire général du gouvernement, appuyé par lbrahim Hamidou et Farmo Moumouni, conseillers du Premier ministre. Ce comité doit élaborer le mémorandum, qui, selon toute vraisemblance, sera le plat de résistance des assises nationales. A cette date, on ne connait ni la date de ces assises, ni le profil des participants, encore moins leur nombre et la durée des travaux. L’absence de clarté concernant ces éléments essentiels semble contraster avec l’urgence exprimée par le président du CNSP lors de sa première adresse à la Nation du 28 juillet 2023.
Le calendrier annoncé semblait pourtant clair : un processus de transition n’excédant pas trois ans, avec des institutions telles que déclinées par l’Ordonnance portant organisation des pouvoirs publics pendant la période transition. Il s’agit de l’Observatoire National de la Communication, l’Observatoire National des Droits de l’Homme et du Conseil Constitutionnel. Jusqu’ici, ces institutions ne sont toujours mises en place ; ce qui alimente un sentiment de stagnation dans la conduite de la transition.
Qu’est-ce qui empêche réellement la tenue du dialogue national ? Motus et bouche cousue. On constate simplement que le CNSP ne manifeste plus d’empressement quant à la tenue de ces assises nationales. C’est sans doute aussi pourquoi, les activités des partis politiques sont toujours suspendues, 18 mois après l’avènement du CNSP.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 16 janvier 2025