Au Niger, le 30 novembre est célébré comme Journée nationale de la liberté de la presse depuis une douzaine d’années.
Cette année, la journée est passée sous silence. Une association du secteur avait projeté une conférence débat. Au-delà de cette journée nationale qui était célébrée, en grandes pompes, les années antérieures, il s’agit aujourd’hui de la problématique de la liberté de la presse tout court. Le secteur des médias fait face à d’inextricables difficultés à la fois économiques, professionnelles et politiques. Dans le contexte politique actuel du pays, les journalistes sont amenés à s’autocensurer pour ne pas subir le triste sort fait aux journalistes Ousmane Toudou, en détention depuis bientôt 8 mois, Soumana Idrissa Maiga, qui est aussi passé par la case prison, ou encore Abdoul Karim Mahamadou réduit à l’exil, etc.
Sur le plan économique, les organes de presse tirent la langue faute de recettes publicitaires et de revenus liés à leurs activités. Le Fonds d’aide à la presse, qui doit appuyer les médias privés, n’est plus débloqué par le gouvernement. Nombre de journalistes du secteur privé vivent dans la précarité, faute de salaire. Le licenciement massif des journalistes et employés de la chaine Canal 3 en est une illustration.
Sur le plan professionnel, la Maison de la Presse, la faitière des organisations socioprofessionnelles, est suspendue par le gouvernement depuis janvier 2024. Certains journalistes « souverainistes » confondent leur rôle à celui d’agents de renseignements. Des journalistes s’entredéchirent pour des raisons autres que professionnelles. L’éthique et la déontologie mais aussi la confraternité ont pris un sérieux coup.
Tous ces éléments mis ensemble révèlent une profession en crise. Il y a lieu de revenir aux fondamentaux.
La rédaction