La frontière entre le Niger et le Bénin, qui aurait dû être un point de passage et de commerce, est devenue un mur infranchissable, condamnant les populations à une précarité inacceptable. Les marchés se sont vidés, les petites entreprises ont fermé leurs portes, et les familles se retrouvent dans l’incapacité de subvenir à leurs besoins fondamentaux. Dans un contexte où la plupart des échanges commerciaux dans cette région sont basés sur des relations de bon voisinage, chaque jour qui passe sans solution concrète aggrave le calvaire des populations.
Avec la levée des sanctions par la CEDEAO et la réouverture de la frontière côté Bénin, une lueur d’espoir semblait se dessiner. Les médiations menées par les anciens présidents béninois, Yayi Boni et Nicéphore Soglo, ont donné lieu à des discussions sur la normalisation des relations. De plus, le Bénin a autorisé la reprise de l’exportation du pétrole brut nigérien via son port de Sèmè Podji. Ce retournement des événements aurait pu être perçu comme un signal fort d’apaisement. Pourtant, du côté nigérien, la frontière reste désespérément fermée, laissant les populations dans une situation insoutenable.
Les autorités militaires du Niger justifient cette posture par des préoccupations sécuritaires. Malgré les garanties de sécurité fournies par le Bénin, le Niger préfère maintenir ses portes closes. Cette décision soulève de nombreuses questions sur les véritables motivations derrière une telle attitude. Est-il réellement justifié de bloquer la circulation des personnes et des biens, alors que des assurances sécuritaires sont en place ? Ce paradoxe devient encore plus préoccupant lorsque l’on considère le blocage récent des véhicules de transport immatriculés RB en transit au Niger. Ce processus complexe et contraignant ne fait qu’aggraver les tensions entre les deux pays.
Il est difficile d’expliquer ce comportement des autorités nigériennes vis-à-vis de ces camions, dont certains appartiennent à des opérateurs économiques nigériens installés au Bénin. Ces décisions semblent délibérées et pourraient être interprétées comme une tentative de maintenir un contrôle sur les échanges commerciaux, ou encore comme une forme de pression politique. Dans un contexte où le Bénin continue à autoriser l’exportation du pétrole brut nigérien sans entrave via son port, la question se pose : pourquoi faire exporter le pétrole brut nigérien en toute quiétude par le Bénin tout en maintenant la frontière fermée ? Ce paradoxe est symptomatique d’une situation où les intérêts économiques semblent primer sur le bien-être des populations.
Le calvaire des populations du Niger et du Bénin est devenu une réalité insupportable. Leurs voix, étouffées par des considérations politiques et sécuritaires, méritent d’être entendues. À quand la fin de cette souffrance ? Les dirigeants des deux pays doivent impérativement s’asseoir autour d’une table de négociation, non seulement pour rétablir la libre circulation des personnes et des biens, mais aussi pour garantir une paix durable et un développement économique partagé. Les enjeux sont vitaux pour l’avenir de ces nations, et il est grand temps que les décisions politiques se traduisent en actions concrètes pour soulager le calvaire de leurs populations. La réouverture de la frontière ne devrait pas être un simple acte symbolique, mais un véritable engagement vers la normalisation des relations entre les deux pays et le bien-être des citoyens.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 10 octobre 2024