La journaliste et bloggeuse nigérienne Samira Sabou a récemment été désignée pour recevoir le prestigieux Prix international pour la liberté de la presse 2024, décerné par le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). Cette annonce, faite le 19 septembre 2024, souligne le courage et la détermination de Samira Sabou dans un contexte où la liberté d’expression est menacée. La cérémonie de remise des prix, prévue pour fin novembre 2024, la mettra en lumière aux côtés d’autres journalistes opérant dans des zones de conflit comme Gaza, la Russie et le Guatemala.
Samira Sabou est une journaliste et bloggeuse engagée dont le parcours a été marqué par des épreuves sous le régime d’Issoufou Mahamadou et après les évènements du 26 juillet 2023.
Contactée par nos soins, Samira Sabou de réagir : « Ce prix n’est pas que le mien, c’est un prix pour le Niger. Comme je le dis souvent, le Niger n’est pas en reste en matière de liberté d’expression, même si nous ne sommes pas les meilleurs, c’était bien de jeter les premiers jalons pour que d’autres puissent continuer. »
Pour rappel le 30 septembre 2023, Samira Sabou a été enlevée à son domicile par des individus se présentant comme des agents des services de la police. Peu après, on apprend qu’elle a été détenue à la Direction générale de la documentation et de la sécurité extérieure (DGDSE). Elle a été condamnée à six mois de prison avec sursis pour avoir « produit des données susceptibles de troubler l’ordre public », apprend-on. Cette condamnation fait écho à une tentative manifeste de réduire au silence une voix critique dans un contexte de censure.
« Comme nous le savons rien n’est statique, les lois changent, de fois on fait un pas en avant, un pas en arrière. Nous avons constaté que les nouvelles autorités ont remis en question des acquis concernant la dépénalisation du délit commis par voie de presse notamment celui de la diffamation, nous prenons acte, nous comprenons le contexte mais nous allons continuer le plaidoyer au plan national dans les limites des lois du pays pour qu’on puisse voir comment avoir des textes qui répondent aux aspirations des uns et des autres car il ne faudrait pas perdre de vue que si aujourd’hui on est côté cour demain on peut être côté jardin », indique la lauréate.
Le parcours de Samira Sabou est emblématique des luttes que mènent les journalistes au Niger et ailleurs pour défendre la liberté d’expression. Son honneur à l’échelle internationale est un appel à la solidarité envers tous ceux qui combattent pour la vérité et la justice. Présentement on dénombre deux journalistes qui croupissent dans les geôles de la junte au pouvoir notamment Ousmane Toudou et Serges Maturin Adou porté disparu sans aucune nouvelle du lieu de sa détention depuis le 31 août 2024. Ce dernier vient d’être cité dans une rocambolesque affaire d’atteinte à la sureté de l’Etat au Burkina Faso.
« Nous dédions ce prix aux représentants des institutions nationales et internationales et à tous ceux qui ont contribué à l’émergence de la presse en ligne. Ce prix c’est également pour les médias et les confrères dont le soutien m’a été précieux. Je m’incline aussi devant mes avocats et ma famille qui a toujours été à mes côtés sans vouloir interférée dans mon métier malgré toutes les difficultés que cela comporte pas seulement pour moi mais aussi pour eux », a conclu la récipiendaire.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 26 septembre 2024
