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6 décembre, 2024
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Attaques terroristes à Bamako : Les failles du dispositif sécuritaire !

Bamako, la capitale malienne, se remet progressivement des attaques terroristes menées par le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans (JNIM), le 17 septembre 2024. C’est la première fois que des cibles militaires particulièrement stratégiques ont fait l’objet d’attaques terroristes en plein jour à Bamako : la base aérienne à l’aéroport international et l’école de gendarmerie.

Dans son message à la Nation du 21 septembre- dernier, quatre (4) jours après les attaques terroristes, le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, n’a eu que deux à trois phrases sur cet événement d’une particulière gravité comme pour le minimiser : il a parlé de la nécessité de renforcer la vigilance, développer une posture opérationnelle exemplaire, et s’est incliné devant la mémoire des personnes tuées et des blessés à qui il a souhaité un prompt rétablissement.

En parlant de « posture opérationnelle exemplaire », le colonel Goïta fait là un mea culpa, en reconnaissant implicitement que son dispositif sécuritaire comporte des failles opérationnelles.

Un peu plus d’une semaine après ces attaques, des interrogations restent sans réponses. On ne saurait expliquer la facilité avec laquelle les terroristes se sont infiltrés sur l’aéroport international de Bamako en disposant du temps pour endommager des avions civils et un drone militaire. Curieux que les terroristes aient pris assez de temps sur la base aérienne 101 avant que les Forces de Défense et de Sécurité ne reprennent le contrôle de la situation. Depuis quand les terroristes étaient-ils dans la capitale ? Existe-t-il des cellules dormantes ? Quelle plus-value les mercenaires Wagner, grassement rémunérés, positionnés sur la base aérienne 101, qui a été attaquée, ont-ils apporté pour contribuer à mettre les terroristes en déroute ?

Pour bien de spécialistes, le plus curieux est que ces attaques sur des cibles militaires, en pleine ville de Bamako, interviennent sous un régime militaire qui s’est engagé urbi et orbi à éradiquer le terrorisme plus que le gouvernement civil qu’il a renversé. La défaillance des services de renseignements, le déficit de réactivité des forces loyalistes et les capacités de mobilité des éléments terroristes sont des faiblesses majeures du dispositif sécuritaire qui pourraient expliquer la déculottée subie à Bamako.

Outre les faiblesses des services de renseignements, le journaliste Saïd Penda relève l’absence de réactivité des forces maliennes, la porosité de certaines casernes maliennes avec de multiples entrées dont des passages clandestins, l’absence de contrôle dans les casernes comme celle de la Garde Républicaine qui accueillait même des locataires civils, etc.

S’il y a un déficit de réactivité opérationnelle, on peut en dire de même sur le plan de la communication. Apparemment, les autorités de la junte malienne ont fait le choix d’une communication à minima sur les questions sécuritaires au moment où les terroristes diffusent à profusion leurs forfaits en direct via les réseaux sociaux.  A cette date, le gouvernement malien n’a soufflé mot sur les dégâts humains et matériels enregistrés ce mardi 17 septembre, alors que le JNIM l’a devancé en communiquant son propre bilan naturellement en défaveur des forces loyalistes.

On peut se faire une idée de ce bilan avec le message de compassion adressé par le général Tiani à son homologue malien, le 19 septembre comme suit : « La malveillante attaque terroriste perpétrée le 17 septembre à Bamako contre un camp de formation de la gendarmerie et certains sites stratégiques de votre capitale, revendiquée par le groupe terroriste, le JNIM, a malheureusement causé des pertes en vies humaines et d’importants dégâts matériels ».

A écouter le colonel Goïta, dans son message à la Nation du 21 septembre dernier, la situation sécuritaire est sous contrôle au Mali avec des villes qui sont revenues dans le giron de l’Etat et la reprise subséquente du service public dans lesdites localités. En raison du caractère prioritaire de la sécurité pour le peuple malien, il dit avoir hausser les dépenses miliaires pour renforcer les capacités opérationnelles des forces et les conditions de vie des soldats.

Qu’en est-il de la Confédération AES dans tout cela ? Une seule phrase laconique dans le message de Goïta, son chef de file, pour faire le point : « la mutualisation des capacités et le soutien opérationnel dans le cadre de la confédération AES se poursuivent ». Pas plus. Ce qui apporte de l’eau au moulin de ceux qui pensent que l’AES, c’est encore sur le papier.

La rédaction

L’Autre Républicain du jeudi 26 septembre 2024

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