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7 novembre, 2024
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Inondations au Niger : Une gestion chaotique face à une catastrophe sans précédent

Ces dernières semaines, le Niger a été frappé par des pluies torrentielles ayant engendré des inondations d’une ampleur sans précédent. Les conséquences de ces événements climatiques extrêmes sont dramatiques : des pertes en vies humaines, des milliers de sinistrés ayant tout perdu, ainsi que des dégâts matériels considérables. Des maisons se sont effondrées, les infrastructures routières et sanitaires sont en piteux état, des écoles et des lieux de culte ont été touchés, des champs de culture dévastés, et des animaux emportés. La situation est alarmante et soulève des questions légitimes sur la gestion de cette crise par les autorités nigériennes.

Face à cette catastrophe, le gouvernement a annoncé la création d’un comité de gestion des inondations, dirigé par le Premier ministre, assisté de membres du gouvernement et d’autres structures concernées. Un montant de 12 milliards de francs CFA a été annoncé pour faire face à cette crise. Cependant, cette annonce ne doit pas masquer une réalité préoccupante : depuis la création de ce comité, peu d’actions concrètes ont été mises en œuvre. À l’exception de quelques visites sur le terrain, aucune feuille de route officielle ni stratégie de gestion de la catastrophe n’ont été communiquées. Les besoins réels des sinistrés demeurent largement inconnus, tout comme le fonctionnement interne du comité et les mesures urgentes prises pour soulager les victimes.

Au lieu d’une réponse coordonnée et efficace, l’on assiste à une série de communiqués et de points de presse où les autorités administratives font état de bilans partiels des inondations, sans fournir d’informations claires sur les processus de gestion mis en place. Cette absence de transparence et de communication sur les actions entreprises est d’autant plus préoccupante quand on sait que le Niger dispose d’un plan de contingence inondations, censé anticiper et gérer les crises de ce type. Ce plan, qui devrait inclure des stratégies et des dispositifs pour fournir une aide humanitaire rapide aux personnes affectées, semble, une fois de plus, très peu opérationnalisé.

Il est normal de se demander si ce plan de contingence a été mis à jour pour refléter les réalités des catastrophes de cette année. Les prévisions financières de ce plan sont-elles suffisantes pour couvrir l’ampleur des dégâts causés par les inondations récentes ? Le montant de 12 milliards de francs CFA annoncé par le gouvernement est-il réellement suffisant pour financer un plan de contingence révisé, ou nécessitera-t-il un apport extérieur ? De plus, l’administration sectorielle chargée de la mise en œuvre de ce plan est-elle en mesure d’accomplir cette tâche cruciale, surtout dans un contexte où, depuis l’avènement de la junte au pouvoir, les compétences administratives ont été largement remaniées, démantelées ou carrément remerciées.

La gestion des catastrophes au Niger ne peut se faire sans une véritable volonté politique et une administration compétente. Les sinistrés, qui ont perdu leurs biens, leur bétail et parfois même leurs proches, méritent une réponse rapide et efficace. Cependant, le manque de clarté autour des décisions du gouvernement et l’absence d’une stratégie bien définie pour gérer cette crise sont alarmants.

Les inondations de cette année ne sont pas seulement un défi à relever ; elles devraient servir de leçon. Le Niger doit impérativement investir dans des infrastructures de prévention, de gestion des crises et dans la formation de son personnel administratif pour faire face à des catastrophes futures. Les enjeux environnementaux, accrus par le changement climatique, nécessitent une planification rigoureuse et des réponses adaptées.

La gestion actuelle des inondations au Niger laisse à désirer. Il est urgent que le gouvernement prenne conscience de la gravité de la situation et agisse de manière concrète et transparente. Les sinistrés attendent des réponses claires et des actions immédiates pour retrouver dignité et espoir. Il y va de la responsabilité de l’État envers ses citoyens, mais aussi de la crédibilité des autorités face à cette crise sans précédent.

Mahamadou Tahirou

L’Autre Républicain du jeudi 12 septembre 2024

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