« Gouverner c’est prévoir », disait Emile de Girardin. Prévoir est un impératif attaché à la fonction de ceux qui sont appelés à gérer les affaires de la cité, en tenant compte de la complexité des besoins des populations et de la prévisibilité des événements. C’est pourquoi, gouverner n’est pas une tâche qui incombe à qui le veut car les gouvernants doivent se munir de cette qualité essentielle : avoir la capacité d’anticiper. Est-il le cas avec le gouvernement actuel dans la gestion des crises ou des évènements comme les inondations et le paiement des pensions des retraités ? Ces deux situations sont aujourd’hui symptomatiques de l’absence d’anticipation qui caractérise ce gouvernement. ll ne fait aucun doute que les conséquences humaines et matérielles des inondations n’ont pas été anticipées. Conséquence : des victimes qui se chiffrent à 217 décès, à la date de la semaine dernière, d’importants dégâts matériels enregistrés, des infrastructures publiques et privées endommagées, etc. Aucune évaluation n’a été faite pour quantifier les ressources nécessaires à la réhabilitation des infrastructures détruites, et la prise en charge diligente des populations sinistrées.
Si ce gouvernement n’est pas dans une logique permanente de réinvention de la roue, il aurait dû se rendre compte qu’il a trouvé sur place un comité en charge de la prévention et de la gestion des crues du fleuve, des cours et points d’eau. Sous le régime du président Mohamed Bazoum, ce comité s’est doté d’un plan d’action pertinent. Le gouvernement a fait mine d’ignorer ce document stratégique, et a créé sur le tard un comité de prise en charge des inondations alors que la catastrophe était déjà là. Pourtant, il y avait des mois que les spécialistes avaient alerté sur le fait que cette année, les pluies seront excédentaires pouvant déboucher sur des cas d’inondations. Qu’a fait le gouvernement pour prévenir ? Rien de significatif qui aurait permis de contenir la catastrophe.
Le même amateurisme caractérise la gestion de la situation des retraités. Alors qu’ils attendaient à être payés, les retraités ont été soumis à des procédures laborieuses pour reconstituer des dossiers, qui existaient déjà, et se présenter physiquement dans les services du trésor pour percevoir la pension d’août. Ce, pour procéder, selon le prétexte officiel, à un assainissement du fichier des pensionnés. Or rien n’indiquait que ce fichier était entaché d’irrégularités. Conséquence : des retraités sont regroupés devant la Direction Générale du Trésor et de la Comptabilité Publique pour percevoir leur pension par billetage. Assis sous des hangars, ils attendent, non sans peine, leur tour chez le caissier. Des internautes avaient stigmatisé le triste sort qui était fait aux anciens, sous le soleil, dans une file d’attente. Pendant ce temps, ces retraités broient du noir faute de ressources. Ils n’arrivent pas à assurer les dépenses régaliennes de leurs familles, et le temps d’attente au trésor est un véritable supplice, témoigne un retraité. Avec ce gouvernement qui excelle dans le tâtonnement et l’improvisation, il faut s’attendre à de tels désagréments qui heurtent le respect dû aux anciens et la dignité humaine tout simplement. Peut-être que c’est une façon de leur demander d’être résilients car il est de coutume avec ce gouvernement, que lorsqu’il ne peut pas régler les problèmes, il fait appel à la capacité de résilience des Nigériens.
La rédaction
L’Autre Républicain du jeudi 29 août 2024