Le Niger, pays riche en ressources naturelles, traverse une période d’incertitude économique qui s’est récemment manifestée par son incapacité à lever vingt (20) milliards de francs CFA sur les marchés de titres de l’UEMOA. En effet, lors de sa récente opération, l’État nigérien n’a pu mobiliser qu’un peu plus de douze (12) milliards et demi de francs CFA. Cette situation soulève la question de la confiance des investisseurs envers un pays aux prises avec d’importants défis économiques et sociopolitiques.
L’absence de participation d’investisseurs nigériens à cette levée de fonds est particulièrement significative. En effet, aucun investisseur local n’a jugé bon de soutenir cette opération, ce qui laisse croire à une méfiance envers la capacité de l’État à honorer ses engagements financiers. Cette méfiance ne surgit pas de nulle part ; elle est le fruit d’un contexte économique compliqué, marqué par des soubresauts autour des sources de revenus de l’État.
L’une des causes majeures de cette défiance réside dans les difficultés rencontrées par le Niger dans l’exploitation de ses ressources pétrolières. Avec l’arrêt de l’acheminement du pétrole brut vers le port de Cotonou, le pays se trouve dans une situation précaire, perdant ainsi une source cruciale de revenus. De plus, le secteur de l’uranium, sur lequel le Niger compte, est également en difficulté. La firme Orano, principale exploitante, fait face à des obstacles qui compromettent sa capacité à générer des revenus pour l’État. La décision récente de l’État de retirer le permis d’exploitation du gisement d’Imouraren à cette même firme accentue encore plus la crise de confiance.
Il est d’autant plus troublant de constater qu’en avril 2024, le Niger avait réussi à lever près de 733 millions de dollars, soit l’équivalent de plus de 440 milliards de francs CFA. Cette performance, qui semblait montrer un regain d’intérêt des investisseurs pour les titres nigériens, paraît désormais être un lointain souvenir. En amont de cette opération, la directrice générale de l’UEMOA Titres avait même incité les investisseurs à participer massivement à la soumission, soulignant un changement de ton radical depuis lors.
La question qui se pose alors est la suivante : qu’est-ce qui a changé en si peu de temps pour que les investisseurs, en particulier ceux du Niger, se retirent ? Est-ce que la gestion des finances publiques par le gouvernement est remise en question ? La situation actuelle coïncide d’ailleurs avec le premier anniversaire de l’accession au pouvoir des militaires au Niger, un événement qui pourrait avoir des répercussions sur la perception des investisseurs quant à la stabilité politique et économique du pays.
Les prochains jours seront déterminants pour comprendre les motivations derrière ce refus de participation des investisseurs. Un dialogue transparent entre l’État et les acteurs économiques locaux pourrait être essentiel pour restaurer la confiance. En outre, des mesures concrètes doivent être prises pour rassurer les investisseurs sur la viabilité des projets d’exploitation des ressources, notamment dans les secteurs pétrolier et minier.
L’incapacité du Niger à lever des fonds sur le marché de l’UEMOA n’est pas seulement un échec financier ; c’est un signal d’alarme sur la confiance des investisseurs. Pour surmonter cette crise, le pays doit impérativement repenser sa stratégie économique et restaurer la confiance perdue envers ses institutions. La route est semée d’embûches, mais une approche proactive et transparente pourrait permettre au Niger de retrouver le chemin de la confiance et de la prospérité.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 8 aout 2024