De longues files d’attente par ci, des bousculades par là. Il ne s’agit pas de manifestations de rue. Nous sommes, à Niamey, sur les sites de vente du riz à prix modéré initiée par le gouvernement à raison de 13.500 FCFA le sac de 25 kg. Chacun veut disposer du précieux sac mais le stock semble inférieur à la demande. C’est l’une des caractéristiques de la cherté de la vie à laquelle les populations sont exposées.
En raison des sanctions économiques et financières, et de la fermeture des frontières, suite au coup d’Etat du 26 juillet 2023, les produits de consommation courante tels que le riz, le maïs, les huiles végétales, le sucre, le lait, les tomates concentrées, et bien d’autres ont connu une envolée des prix. Leur disponibilité n’était pas aussi garantie du fait que le Niger importe l’essentiel des produits dont les populations ont besoin.
Dans une tentative initiale de rendre ces produits plus accessibles, le gouvernement de transition avait temporairement détaxé ces produits à hauteur de 25 % au niveau des douanes en 2023. Cependant, les prix de ces produits ont rapidement repris leur ascension vertigineuse, rendant leur accessibilité de plus en plus complexe pour une grande majorité des ménages nigériens ayant un faible pouvoir d’achat.
Malgré la tentative du gouvernement de fixer un prix plafond pour des produits comme le sac de riz de 25 kg, les commerçants ne respectent pas ces limites, car selon eux avec preuve à l’appui le coût de revient du sac de riz de 25 kilogrammes ne permet pas de le revendre au prix fixé par le gouvernement. C’est ainsi que les prix continuent d’augmenter rendant le sac de 25 kilogrammes à un de prix de vente allant jusqu’à plus de 18.000 F à Niamey.
Le gouvernement a introduit récemment sur le marché de Niamey des tonnes de riz chinois vendu en sacs de 25 kg à un prix de 13 500 francs CFA par sac, qu’il qualifie de prix modéré, que les consommateurs appellent aussi de : « ko da kudinka, sai da rabonka », autrement dit : « même avec ton argent, il te faut accompagner par une dose de chance pour s’en procurer ». Les consommateurs se posent légitimement aussi des questions quant à la modération de ce prix, surtout en comparaison avec les prix antérieurs à la crise politique. En effet avant le coup d’État, un sac de riz de 25 kg du même type se négociait entre 10 500 et 11 000 francs à Niamey, mettant en lumière l’impact de la crise sur le pouvoir d’achat des ménages.
Face à la paupérisation croissante, les ménages de Niamey se précipitent vers les points de vente désignés par le gouvernement pour acheter ce riz à prix modéré, limité à un sac par ménage. Les scènes de files d’attente matinales témoignent de la lutte des familles pour obtenir ces denrées alimentaires de grandes consommations. Les populations se demandent où va le Niger et regrettent l’absence des programmes de soutien aux ménages vulnérables et aux distributions ciblées de vivres qui existaient avant le coup d’État. Une véritable bataille pour avoir le sac de riz à 13 500 FCFA s’observe dans certains quartiers de Niamey
En cette période de soudure, le sac de mil, communément appelé «Mana», se négocie autour de 42 000 francs dans certains marchés du Niger, exacerbant les difficultés des ménages déjà fragilisés. La tia (mesure) du niébé est vendue à 2.000 F CFA, soit au moins 100% d’augmentation, en l’espace d’un an.
Les appels à ouvrir les frontières pour permettre aux commerçants d’approvisionner le pays en riz de qualité à des prix compétitifs se multiplient, soulignant le besoin urgent de solutions pour atténuer l’impact de la crise sur la population.
La cherté de la vie au Niger est devenue une réalité préoccupante pour de nombreux ménages, exacerbée par les conséquences économiques du coup d’État militaire de juillet 2023. Il est impératif que des mesures concrètes soient prises, notamment la réouverture de la frontière avec le Benin pour garantir l’accès des citoyens à des produits de première nécessité à des prix abordables, afin de prévenir une crise humanitaire plus profonde dans le pays.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 4 juillet 2024