Le samedi 25 mai 2024, le journaliste Ousmane Toudou a été déposé à la maison d’arrêt de Kollo. Il est poursuivi pour atteinte à la sûreté de l’Etat, complot et intelligence avec une puissance étrangère. Aucune notification n’a été faite à notre confrère sur le nom de la puissance étrangère dont il est question. Notre confrère a déjà passé 44 jours dans les locaux de la gendarmerie, à Niamey, avant que le doyen des juges d’instruction décide de son transfèrement à Kollo.
Les déboires d’Ousmane Toudou sont inhérents à la publication d’une tribune, il y a de cela 10 mois. A travers cette tribune, Toudou en démocrate et républicain avait appelé les démocrates et les contre-pouvoirs (journalistes, magistrats, avocats et société civile, etc. ) à s’opposer et résister au coup d’Etat du 26 juillet.
Quid de l’Ordonnance n°2023-02 du 28 juillet 2023 portant organisation des pouvoirs publics pendant la période de transition ? En son article premier, cette Ordonnance indique que « le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie réaffirme son attachement aux principes de l’Etat de droit et de la démocratie pluraliste ». A ce titre, le CNSP « …garantit, en outre, les droits et libertés de la personne humaine et du citoyen tels que définis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de 1981… ». Ces deux instruments internationaux font obligation aux gouvernants de respecter les libertés publiques et individuelles comme les libertés d’opinion, d’expression, de la presse, etc.
Il est établi que notre confrère Ousmane Toudou a été interpellé pour un article qu’il a publié, il y a 10 mois, au lendemain du coup d’Etat du 26 juillet où il a donné son appréciation de la rupture de l’ordre démocratique. Il est dans son bon droit dès lors que l’Ordonnance que la junte a elle-même élaborée lui en donnait cette opportunité. Il a usé de la liberté d’opinion qui est attachée à tout être humain indépendamment des contextes sociopolitiques. Mieux, le CNSP a pris l’engagement de respecter cette liberté et toutes les autres parce qu’il s’était inscrit dans une logique de restauration de l’ordre démocratique au Niger. Le texte publié par notre confrère est couvert par l’engagement du CNSP parce qu’il est postérieur à l’Ordonnance du 28 juillet 2023. Logiquement, personne ne saurait douter de la parole de ces officiers à commencer par les journalistes qui n’existent qu’en vertu de leur liberté d’opinion.
Rien ne saurait justifier l’interpellation et l’emprisonnement du journaliste Ousmane Toudou d’autant plus que l’opinion qu’’il a exprimée sur la marche de son pays n’a donné lieu à aucun trouble à l’ordre public.
Il faut rappeler que Soumana Idrissa Maiga, Directeur de publication du quotidien L’Enquêteur, garde également prison avec comme chef d’accusation ‘’atteinte à la défense nationale’’ pour un délit commis par voie de presse. A considérer les acquis des hommes et femmes des médias avant le 26 juillet, autant dire que nous sommes à mille lieues de l’ère démocratique.
La rédaction