Par Elh. M. Souleymane
L’imbroglio dans lequel se trouve l’organisation faîtière des hommes de médias est révoltant. Si la confraternité et le dialogue avaient été mis en avant, on ne serait pas là. Les journalistes auraient trouvé eux-mêmes un terrain d’entente et passer à l’essentiel à savoir la défense des intérêts matériels et moraux des hommes et des femmes de médias. Ce qui arrive à la corporation incombe à certains acteurs qui ont préféré poursuivre des intérêts mesquins en sacrifiant le cadre organisationnel. Que faire pour sortir de l’ornière ? La réponse dépendra des attitudes des uns et des autres au sein de la corporation.
La suspension de l’autorisation d’exercice de la maison de la presse par arrêté du Ministre de l’intérieur sonne le glas d’une régression certaine dans la vie des organisations socioprofessionnelles des médias au Niger. Chose curieuse, c’est au moment où le Bureau sortant de cette Association faîtière des médias se déploie pour organiser une assemblée générale élective que la décision du Général Toumba est intervenue.
Il faudrait rappeler, en amont, toutes les menaces et intimidations dont le Bureau sortant dirigé Ibrahim Harouna a été victime dans l’optique de faire aboutir le processus de son remplacement. Le Ministre de la communication aurait fait voir de toutes les couleurs le Bureau du Conseil d’administration de la Maison de la presse, apprend-on. Comme c’est indécent de nommer d’autres confrères en lieu et place des membres du Bureau de la maison de la presse, le Ministre de l’intérieur a rendu une décision qui a surpris même les manipulateurs au sein de la corporation.
« Nous sommes surpris comme tout un chacun de recevoir cette décision du Ministre de l’Intérieur qui intervient dans un contexte où le bureau du conseil d’administration de la Maison de la presse est effectivement en fin de mandat. Mais ce n’est pas la suspension qui est la grande surprise, ce qui nous surprend, c’est la mise en place d’un comité ad hoc qui va s’occuper des activités … », a confié Ibrahim Harouna, le Président sortant du Conseil d’administration au reporter de Deutsche welle. Et ce fameux comité est composé par des cadres de l’administration du ministère de l’intérieur et du ministère de la communication.
Mais ce qui est encore plus curieux, c’est surtout la complicité de certains confrères très pressés de prendre, par tous les moyens, le contrôle de l’organisation faîtière. « Depuis l’avènement du pluralisme médiatique, c’est pour la première fois au Niger qu’un Ministre de la communication s’est mêlé dans une élection des membres de la Maison de la Presse. Pressé pour le renouvellement du bureau, le Ministre Sidi Mohamed Raliou n’a eu cesse de rappeler à chacune des rencontres avec le Bureau sortant que les membres de ce dernier sont en dépassement de mandat et qu’ils doivent convoquer le plus rapidement possible une assemblée générale élective », s’indigne notre confrère Ibrahim Moussa.
Sur la responsabilité de certains confrères dans ce jeu trouble qui tire la corporation vers le bas, Ibrahim Moussa renseigne : « Dans le Journal télévisé de 20H30 sur télé sahel, les téléspectateurs ont suivi M. Moudi Moussa en tant qu’invité du journal annonçant les couleurs de la marche inexorable pour la suspension de la Maison de la Presse. Dès le jeudi 28 décembre 2023, les mêmes qui ont alerté sur le report de l’assemblée générale reviennent à la charge en annonçant encore la non tenue de l’assemblée générale du 30 décembre ».
C’est bien regrettable que les confrères n’aient pas pu laver le linge sale en famille. Au lieu de dialoguer au sein de la corporation, ceux qui ont opté pour la facilité à savoir le soutien de la junte viennent de plonger l’organisation dans l’incertitude et le chaos. Tout s’est passé comme si le dialogue était en panne, au lieu d’une approche dialogique certains ont préféré appeler la police. Et aujourd’hui, c’est le ministère de l’intérieur qui gère une association des journalistes ! Ce qui est inédit dans les annales des médias.
Il est grand temps que les confrères se ressaisissent pour une issue heureuse à cette crise. La confraternité ce n’est pas un vain mot. C’est un principe sacro-saint pour la corporation. On ne peut être un grand journaliste en foulant la confraternité. C’est ridicule que ce soit une simple élection au sein d’une Association qui divise les journalistes. Tôt ou tard, la Maison de la presse reviendra aux journalistes. Il n’appartient pas aux policiers de la gérer. Il importe donc de savoir raison garder au nom….de l’intérêt général de notre corporation.
EMS