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6 octobre, 2024
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Général Tiani aux Nigériens : attachez vos ceintures, vous êtes résilients !

Ce lundi 18 décembre 2023, le Niger a célébré le 65ème anniversaire de la proclamation de la République. Cet événement intervient dans un contexte de démolition des institutions républicaines inhérent à la forfaiture intervenue le 26 juillet où le chef de la garde présidentielle (GP) a pris en otage le Président de la République démocratiquement élu. Le pays est depuis lors sous embargo où les populations tirent le diable par la queue. Plongées dans la précarité et le dénuement, les Nigériens s’attendaient légitimement à ce que le chef de la junte saisisse la main tendue de la CEDEAO pour lever les sanctions qui empêchent à la majorité de joindre les deux bouts. Très malheureusement, feignant d’ignorer la réalité, le général Tiani a mis en avant le populisme et le mirage pour prolonger les souffrances de ses compatriotes. A bien comprendre le speech de Tiani, le moins qu’on puisse dire c’est que la junte joue cyniquement les prolongations.

C’est un truisme que de dire la principale caractéristique de tous les putschistes sous nos cieux, c’est le déni de la réalité et la fuite de leur responsabilité. Il va sans dire qu’il n’y aura pas de sanctions de la CEDEAO ni de l’UEMOA sans la transgression de l’ordre constitutionnel au Niger. Mais les putschistes et leurs soutiens ont tendance à vouloir accuser les autres, ils portent des lunettes en bois, comme qui dirait. Si le Niger est sous embargo, c’est la faute des chefs d’Etat de la CEDEAO ou de leur victime à savoir le président Mohamed Bazoum voire même de la France.

« En décidant de nous imposer des sanctions injustifiées, cyniques, iniques, criminelles, inhumaines et irresponsables, la CEDEAO et l’UEMOA pensaient nous mettre à genoux et nous ramener dans le giron du régime déchu et de la France. Ces organisations régionales ne savaient pas qu’elles avaient en face d’elles un peuple guerrier, descendant de grandes figures historiques qui ont forgé la Nation Nigérienne », a martelé le général Tiani.

Et comme pour convaincre de la posture non dialogique de la junte, le preneur d’otages en chef a déclaré : « L’heure des tractations et des combines dans les officines est révolue. Vous avez désormais en face de vous un peuple qui a pris son destin en mains. Nous n’acceptons aucun chantage, aucune intimidation, aucun préalable ». Entre les lignes, le chantage, l‘intimidation et le préalable ici c’est la libération sans condition du président Bazoum et de toutes les personnes prises en otage, et l’élaboration d’un agenda de la transition.

Tout le monde a compris le pourquoi de la récente campagne de dénigrement contre le président Bazoum et sa famille en mettant à contribution les médias d’Etat. Au lieu de saisir l’occasion d’une sortie de crise, la junte s’est résolument engagée dans une campagne fallacieuse dont les citoyens avertis ont vite décrypté les tenants et aboutissants. « A travers cette campagne, la junte cherche à justifier son refus d’accepter les conditions posées par la CEDEAO, mais, les Nigériens qui ne sont pas dupes et connaissent les plus grands prédateurs, ne peuvent manquer de la tenir responsable des souffrances qu’ils endurent », a réagi Moussa Tchangari sur le reportage grotesque de la RTN incriminant Bazoum et sa famille. Dans ce sens, on peut lire également sur la page Facebook NigerStop Corruption : « Le Niger se portera mieux en évitant les dénonciations sélectives. Les 13 ans de gestion nous ont laissé un goût amer, si on ne peut pas parler des 10 ans de la Renaissance actes 1 et 2, de grâce, il faut aussi par respect éviter de se focaliser sur l’acte 3 ! »

Le peuple peut attendre…

En dépit de la pression et surtout de la difficulté réelle pour la majorité des Nigériens à joindre les deux bouts, le général Tiani leur demande de se sacrifier pour les beaux yeux et les étoiles des généraux aux commandes. A preuve : en lieu et place des réponses pertinentes aux sanctions, la junte opte pour la spéculation et la polémique.  « Le Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie s’est engagé à convoquer un Forum National Inclusif pour faire le diagnostic de la situation du pays née de la mal gouvernance des régimes passés. Il proposera des réformes nécessaires pour le futur avec une feuille de route pour la transition et un programme stratégique d’actions pour la refondation de l’Etat. Ces assises seront bientôt convoquées ». Ce Forum dont on a déjà une idée de sa première mouture non démocratique dénoncée à sa mise en place même si dans son entretien avec les journalistes de la RTN, Tiani a donné d’autres raisons du report de sa mise en place.

L’autre annonce spéculative, sur fond du déjà vu et déjà entendu, c’est la lutte contre la corruption : « Au plan de la justice sociale et de la restauration de l’Etat et du peuple dans ses droits, la Commission de Lutte contre la Délinquance Economique, Financière et Fiscale (CoLDEFF) est à pied d’œuvre pour instruire tous les dossiers relevant de sa compétence. J’engage ses membres, au demeurant sous serment, à tout mettre en œuvre pour mériter la confiance placée en eux par la Nation ». On voudrait bien croire le général Tiani, si la COLDEF pourrait également mettre en lumière le rapport aux deniers publics des généraux au cœur de la gestion des fonds destinés à la sécurité. C’est un secret de polichinelle, le général Tiani et ses compères n’étaient pas étrangers à la gestion des 12 dernières années. S’il y a corruption dans la gestion incriminée, les auteurs de la forfaiture du 26 juillet devraient faire partie du problème.

Mais, à notre humble avis, leur posture s’explique : les Nigériens peuvent attendre parce que les militaires sont dans la logique des juntes malienne et burkinabè. En jouant les prolongations, on gagne du temps non comptabilisé même en cas d’accord avec la CEDEAO. Assimi Goita du Mali est en place depuis 2020 et les élections ce n’est pas pour demain. Et on le sait, le souci de Tiani c’est surtout être un hasbeen (un ancien) chef d’Etat. Il a proposé deux à trois ans de transition. Il a fait semblant un moment de négocier avec la CEDEAO mais de proche en proche, l’on a comme l’impression que Tiani se démarque de cette posture. Est-ce qu’au regard des actes de défiance à l’encontre de l’organisation communautaire, la junte de Niamey est-elle disposée au dialogue ? Tiani ne risque-t-il pas de forcer la main aux chefs d’Etat de la CEDEAO à s’agripper au récent verdict de la Cour de justice ?  Time will tell.

La rédaction

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