Stupeur au sein de l’opinion : Mme Hamadou Souley Hadjia Mariama, l’épouse du ministre de l’Intérieur du gouvernement Bazoum a été brièvement interpellée par des éléments des forces de sécurité, jeudi 3 avril dernier, à l’aéroport international Diori Hamani de retour du petit pèlerinage en Arabie Saoudite. Ce qui a ajouté à la stupeur générale, c’est le fait que son époux, M. Hamadou Adamou Souley, est la seule personnalité arrêtée dans le cadre des événements du 26 juillet 2023 à garder prison après la vague de libérations des détenus politiques, civils et militaires, intervenue au milieu de cette semaine. La rétention de Hamadou Adamou Souley et le traitement infligé à son épouse sont perçus par les républicains comme de l’acharnement et un excès de pouvoir qui ne riment pas avec le sens du pardon prôné par la junte de Niamey.
En rappel, le ministre Hamadou Adamou Souley a été arrêté, à l’aube, à sa résidence, presque au même moment que le président Mohamed Bazoum, précise une source. Il avait eu tout juste la possibilité d’accomplir sa prière de fajr avant d’être embarqué pour une villa non loin de sa résidence. Il y restera des jours durant avec d’autres co-détenus qui l’ont rejoint par la suite. Plus tard, il est placé sous mandat de dépôt au camp pénal de Kollo. C’est dire que depuis le 26 juillet 2023, le ministre Hamadou Adamou Souley est privé de liberté. Comme le président Bazoum et son épouse Khadidja. Ayant bénéficié d’une liberté provisoire en même temps que d’autres ministres sous mandat de dépôt, il y a près de 8 mois, Hamadou Adamou n’a pas quitté la prison en raison d’un appel interjeté par le commissaire du gouvernement.
Au début, certains ont expliqué son arrestation par le fait qu’il assurait l’intérim du ministre de la Défense Nationale, M. Alkassoum Indatou, en mission à l’étranger. Deux jours après le coup d’Etat, le ministre Indatou atterrit à Niamey, par un vol spécial, commentent certaines sources. A l’appui de leur thèse, les frontières aériennes nigériennes étaient alors fermées. De l’aéroport, le ministre de la Défense rentre tranquillement chez lui. Sans être inquiété. Du reste, il ne l’a jamais été, et vaque normalement à ses activités. Qu’est-ce qui peut justifier ce deux poids deux mesures ? Le ministre Indatou se trouvait-il du bon côté ? Autant de questions que le temps permettra d’élucider. Ce qui est clair, c’est que Indatou n’est pas dans le cercle des fidèles du président Bazoum. Ce qui n’est pas le cas du ministre Hamadou Souley. Très proche de Bazoum, philosophe formé à Niamey et Dakar comme lui, militant dans le même mouvement clandestin comme lui, humaniste comme lui, il était de quelques rares intrépides qui ont installé le PNDS Tarayya à Zinder, citadelle imprenable du CDS Rahama du président Mahamane Ousmane. A l’époque, se réclamer du PNDS, à fortiori travailler à installer ses bases dans la région de Zinder, était une sorte de crime de lèse-majesté. Hama Souley avait pris ce risque qu’il avait assumé au nom de ses convictions politiques et idéologiques. Et ainsi le PNDS a vu le jour à Zinder.
Sans doute que pour le régime du général Tiani, libérer Hama Souley équivaudrait à libérer le président Bazoum. Sans doute aussi que des personnalités du PNDS ont joué un rôle important dans ce déni de droit auquel est soumis le ministre au regard de la fracture, au sein du parti, née des évènements du 26 juillet entre pro Issoufou et pro Bazoum. Le point de presse du ministre de la justice n’est qu’une tentative de noyer le poisson en lieu et place d’une réponse à la vraie raison sur le cas des détenus discriminés.
Rien ne saurait justifier le maintien en détention du ministre Hamadou Adamou Souley à un moment où les Assises Nationales ont recommandé la libération de tous les détenus politiques, civils et militaires, et où le général Tiani prône le pardon et l’oubli. Le pardon doit être intégral et impersonnel mais pas à minima. Il doit concerner tout le monde. Il ne saurait donc y avoir de pardon en demi-teinte.
Le refus de libérer le ministre Hamadou Adamou Souley est le premier test de crédibilité du pardon du général Tiani. Les détenus des événements du 26 juillet 2023 sont liés par le même dossier, le ministre Hamadou y compris.
Ce qui est clair, c’est que le chef de l’Etat n’a aucun intérêt politique à soumettre sa parole d’honneur à rude épreuve suivant une approche manichéenne entre bons et mauvais détenus. Dans un esprit de réconciliation nationale, tous ceux qui sont bloqués comme le président Bazoum et son épouse, ou détenus comme le ministre Hamadou Adamou Souley, les acteurs sociaux Moussa Tchangari et Alassane Intinicar doivent recouvrer leur liberté. C’est ainsi que l’opinion pourra juger de la réalité du pardon prôné par le général Tiani.
La rédaction