Niamey a abrité, les 28 et 29 décembre dernier, le 11ème congrès statutaire du Syndicat Autonome des Magistrats du Niger (SAMAN), un événement marquant pour le corps judiciaire du pays. Ce congrès, organisé dans l’emblématique salle d’audience du Tribunal de grande instance hors classe de Niamey, a été l’occasion pour les magistrats de faire le point sur les défis auxquels la justice nigérienne est confrontée, tout en soulignant l’importance cruciale de leur mission dans un contexte politique et social tendu.
Le Secrétaire Général sortant du Bureau Exécutif National du SAMAN, M. Doubou Yahaya, a ouvert ce congrès avec un discours poignant, marqué par un appel à l’unité et à la responsabilité. Il a d’abord rendu hommage aux victimes du terrorisme, qu’elles soient civiles ou militaires, soulignant la gravité des épreuves traversées par le pays. Ce moment solennel a donné le ton d’un congrès où la solidarité et la cohésion ont été mises en avant comme des valeurs cardinales.
Créé en 1991, le SAMAN a toujours défendu l’indépendance de la magistrature et la protection des droits des citoyens. Son engagement en faveur d’une justice humaine et efficace, capable de protéger les libertés fondamentales, reste un axe majeur de son action. Le Secrétaire Général a rappelé les sacrifices de ses prédécesseurs et des dirigeants actuels du syndicat, souvent au péril de leur carrière, pour préserver l’intégrité de la justice dans un environnement politique parfois instable. « L’indépendance de la justice est aujourd’hui plus que jamais une question vitale », devait indiquer M. Yahaya, soulignant l’importance de maintenir cette autonomie face aux multiples pressions.
Cependant, il n’a pas manqué de souligner la situation préoccupante dans laquelle se trouve actuellement la justice nigérienne. Depuis les événements du 26 juillet 2023, une campagne de dénigrement, savamment orchestrée tend à jeter l’opprobre sur l’institution judiciaire. Cette campagne, alimentée par des pressions sociales, politiques et médiatiques, a entretenu la méfiance des citoyens à l’égard de la justice, un rempart fondamental contre l’injustice. Pourtant, malgré ces critiques, M. Yahaya a rappelé que la justice reste un pilier majeur du bon fonctionnement de la société.
Il s’est également appesanti sur la nécessité de renforcer la confiance entre la justice et les citoyens. « Nous devons restaurer la confiance, non seulement à travers nos décisions, mais également par nos actions quotidiennes », a précisé le Secrétaire Général, appelant les magistrats à redoubler d’efforts pour faire face aux défis existentiels que traverse l’institution judiciaire nigérienne. « Personne ne doit sous-estimer ce rôle », a-t-il ajouté, soulignant que les magistrats ont une responsabilité primordiale dans la régulation de la société et la préservation de la paix sociale.
Plaidoyer pour une justice plus indépendante
Un autre point important évoqué durant ce congrès a été la question de l’unité au sein du SAMAN. M. Yahaya a lancé un appel vibrant à la cohésion de la structure syndicale face à un contexte politique et social tendu. Selon lui, l’unité est une condition sine qua non pour faire face aux défis actuels. « L’union fait la force », a-t-il martelé, incitant les congressistes à mettre de côté leurs différends personnels et à privilégier l’intérêt supérieur du SAMAN.
Le congrès a également été l’occasion de poser les bases de l’avenir du syndicat, en procédant à l’évaluation des bilans moral et financier du mandat qui s’achève, en révisant les textes statutaires et en élaborant une nouvelle plateforme revendicative. Les congressistes ont réfléchi aux solutions pour faire face aux multiples défis auxquels le SAMAN doit répondre, tout en affirmant leur engagement pour une justice plus forte, plus indépendante et plus respectée.
Malgré les critiques sévères qui ont frappé l’institution judiciaire, le Secrétaire Général a indiqué, avec une grande clarté, la responsabilité de certains acteurs de la justice qui, par leurs comportements peu exemplaires, ont nui à l’image de la magistrature. Ces dérives doivent être bannies, selon lui, car elles sapent l’autorité et la crédibilité du système judiciaire. Dans cet esprit, le SAMAN doit être un modèle d’intégrité, d’éthique et de responsabilité.
Ainsi, le 11ème congrès statutaire du SAMAN a été bien plus qu’une simple rencontre syndicale. Il a été un moment de réflexion profonde sur les défis auxquels la justice nigérienne doit faire face et un appel pressant à la réconciliation, à l’unité et à la responsabilité. Le rôle de la justice en tant que dernier rempart contre l’injustice reste indiscutable, et c’est à travers l’unité des magistrats, leur professionnalisme et leur engagement que cette mission pourra être honorée.
Le SAMAN, fort de ses convictions et de son unité retrouvée, se positionne comme un acteur clé dans la défense de l’indépendance de la justice nigérienne et dans la préservation des valeurs démocratiques. Si les défis demeurent nombreux, l’espoir réside dans la capacité de cette organisation à se réinventer et à rester fidèle à sa noble mission, pour un Niger plus juste et plus équitable.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 2 janvier 2025