Par IDDER ALGABID
Conformément à ses habitudes, le général Tiani, Président de fait de l’Etat du Niger, a accordé hier une interview empreinte de rhétorique diffuse et funeste.
Aujourd’hui, les Nigériens ont une vision claire de ce Général de salon qui enregistre le record d’immobilisme, car confiné au sein de la Présidence, son refuge. Ses sorties rares ne se comptent qu’au bout du doigt.
Faut-il le rappeler, le général Tiani a pris le pouvoir par la force pour apporter dit-il la solution à deux problèmes : L’insécurité et la mauvaise gouvernance.
En 17 mois, le constat sur ces deux questions est alarmant : Tiani n’a jamais mis pied à Tillabéry, malgré les nombreuses attaques et les milliers de déplacés.
En 17 mois, il n’a pas visité Dosso, Tahoua, ou Zinder, en dépit des attaques récurrentes contre le pipeline pétrolier, une ressource vitale qui parvient encore au Bénin malgré la fermeture insidieuse de la frontière.
En 17 mois, il n’a pas daigné se rendre à Maradi, bien que les inondations y aient causé des milliers de sinistrés.
Agadez malgré les enlèvements du préfet de Bilma et du maire de Chirfa, Diffa malgré le retour de Boko Haram, n’ont pas eu droit à sa visite.
Bref, depuis le 26 juillet 2023, Tiani reste cloîtré à Niamey, coupé des réalités populaires.
Quelle gouvernance incarne-t-il ? De qui s’inspire-t-il réellement ? Peut-on prôner le panafricanisme et le souverainisme tout en ignorant les souffrances des populations ? Évidemment, non.
Depuis 17 mois, Tiani semble gouverner le Niger comme on raconte des contes et légendes autour du feu, de simples berceuses pour endormir les Nigériens.
« C’est la faute de l’autre, la construction d’un ennemi cimente la collectivité et peut s’avérer extrêmement précieuse pour un pouvoir en déficit de légitimité ou déstabilisé », écrit Carl Schmitt.
Mais à quand la fin de ce cirque infernal ? À quand la fin de cette comédie ? La gestion d’un État exige du sérieux, de la mesure et une véritable implication.
Tiani a-t-il des conseillers en communication ? On pourrait en douter, car chacune de ses sorties publiques le dessert davantage. Chaque intervention renforce les soupçons, creuse les incertitudes et révèle sa véritable nature : celle d’un général télécommandé qui n’est guerrier que pour prendre en otage un président élu, un homme déconnecté du terrain et qui n’a ni la mesure de la géographie ni la portée des relations internationales, encore moins de la géostratégie. Il n’est qu’un général spectateur qui suit comme tout le monde les actualités de la guerre au Sahel.
Depuis 2011, Tiani vit confortablement dans son bureau climatisé à la présidence, jouissant de privilèges. Désormais, il est assis sur une chaise usurpée, engrangeant ses milliards, veillant sur ses chars et ses fusils, plongeant le Niger dans le chaos par son incompétence.
Pour Tiani, tous les problèmes du Niger proviendraient de l’extérieur : la France, nos voisins, ou encore les Nigériens en exil qu’il qualifie d’apatrides. Lui, il ne serait responsable de rien. Mais peut-on vraiment être chef de tout sans être responsable de rien ?
Le Niger fait face à deux problèmes principaux : l’insécurité et la famine. Il est illusoire de faire croire que tous nos maux viennent de l’extérieur. Les Nigériens veulent avant tout la sécurité pour cultiver leurs terres et élever leur bétail. Ils attendent une réduction des prix des produits de première nécessité. Ils attendent la démocratie, des élections libres et des dirigeants qu’ils auront choisis.
Tiani ne peut pas prétendre avoir le soutien du peuple. Ce qu’il a, c’est l’appui d’une poignée de politiciens impopulaires, opposés aux élections, et d’acteurs de la société civile qui défendent les droits de l’homme tout en applaudissant la restriction des libertés. Quel paradoxe !
Reviens à la raison, général. Le Niger est grand, pluriel et éternel. Quitte le pouvoir. Trop, c’est trop !
Mon général, ne donne pas raison à ceux là qui pensent que en Afrique de l’Ouest nous tendons vers des armées de coups d’État en lieu et place des armées républicaines.
Par IDDER ALGABID