Le 3 décembre 2024, le secrétaire général de l’association Alternative Espace Citoyen (AEC), Moussa Tchangari, a été enlevé en début de soirée, à son domicile, par des individus armés, pour une destination inconnue. Quelques jours plus tard, on apprenait qu’il était détenu au service central de lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée, à Niamey. Quant à sa famille, elle a été séquestrée, en lui interdisant toute mobilité.
Cette action brutale contre un acteur de la société civile a suscité une onde de choc. De nombreuses organisations, tant nationales qu’internationales, ont rapidement exprimé leur indignation, appelant à la libération immédiate et sans condition de Moussa Tchangari. Parmi les premières à réagir, la Section Transparency Internationale Niger a publié un communiqué, le 4 décembre, fustigeant l’attitude des autorités nigériennes et appelant au respect des engagements juridiques du pays en matière des droits humains. L’organisation a notamment rappelé que le Niger, en tant qu’État signataire de plusieurs instruments internationaux relatifs aux droits humains, ne pouvait pas tolérer de telles pratiques arbitraires.
A travers un communiqué en date du 5 décembre, Alternative Espace Citoyen a exprimé son indignation face à ce qu’elle considère comme un acte rétrograde. L’association a fermement condamné l’enlèvement, la séquestration et les traitements cruels infligés à son secrétaire général, soulignant que ces actions vont à l’encontre des principes fondamentaux des droits humains tels qu’énoncés par les conventions internationales ratifiées par le Niger, ainsi que l’ordonnance 2023-02 du 28 juillet 2023 sur l’organisation des pouvoirs publics en période de transition signée par le président du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).
Le Forum Social Sénégalais a pris position en faveur de la libération de Moussa Tchangari le 5 décembre, lançant une campagne internationale pour dénoncer l’arrestation de l’acteur civil. L’organisation a également mis en garde les autorités du CNSP contre toute responsabilité en cas de maltraitance ou d’incident concernant Tchangari. Cette initiative a été suivie par de nombreuses autres associations et collectifs à travers le monde, qui ont exprimé leur solidarité avec la victime et leur soutien pour sa libération sans condition.
Actuellement détenu au Service Central de Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité, Moussa Tchangari est soumis à plusieurs auditions depuis le 8 décembre 2024, en présence de ses avocats. Les autorités lui reprochent notamment l’apologie du terrorisme, l’atteinte à la sûreté de l’État, ainsi que l’association des malfaiteurs en lien avec des activités terroristes. Toutefois, ces accusations demeurent floues et n’ont pas été explicitement prouvées à ce jour, alimentant les préoccupations quant à la véritable nature de son arrestation.
L’arrestation de Tchangari, qui intervient dans la foulée de la Journée internationale des droits de l’Homme, célébrée le 10 décembre, soulève de sérieuses questions sur la liberté d’expression, la répression des voix dissidentes et la garantie des droits humains dans un environnement où les principes démocratiques sont censés être protégés.
Le respect des droits humains, le droit à un procès équitable et la fin des pratiques arbitraires doivent être des priorités pour tout gouvernement soucieux de préserver la dignité humaine et de restaurer la confiance dans ses institutions. La libération inconditionnelle de Moussa Tchangari s’impose comme une exigence légitime, tant pour les défenseurs des droits humains que pour l’ensemble de la société nigérienne.
Mahamadou Tahirou