Le lundi 9 septembre 2024, Boubacar Sabo, membre du Présidium du PNDS-Tarayya, et Dr Ibrahim Maman, un leader du PNDS et ancien directeur général de la société nigérienne de pétrole (SONIDEP) sont déposés respectivement dans les prisons de Ouallam et Niamey après une détention de plus d’un mois à la gendarmerie.
Les deux leaders roses n’ont jamais fait mystère de leur fidélité et leur soutien au président Mohamed Bazoum depuis les événements du 26 juillet 2023. Au lieu de faire face aux grands défis qui assaillent le pays, le régime du général Tiani va à contre-courant de ses engagements de respecter les libertés et droits humains. Et le plus inquiétant, c’est le silence des contre-pouvoirs voire ‘’la mort de la citoyenneté’’ comme dirait le politologue Rahmane Idrissa. « Au Niger comme au Burkina Faso et au Mali, la citoyenneté est morte. Ceux qui veulent être des citoyens sont coffrés et persécutés, et le reste est mis au pas », alerte le politologue Rahmane Idrissa.
Sous prétexte de lutter contre le terrorisme ou ceux qui en font l’apologie, l’ordonnance portant déchéance de la nationalité et celle relative à la cybercriminalité sont inadéquates en ce sens qu’elles remettent en cause les libertés fondamentales dont la liberté d’expression acquise de haute lutte par le peuple nigérien. Depuis 15 mois, aucun acte de décrispation n’a été posé par les nouvelles autorités. La détention des personnalités du régime renversé se poursuit suivant des pratiques qui jurent avec l’Etat de droit comme c’est le cas des ministres du régime Bazoum libérés par le juge mais maintenus en détention. Alors qu’ils présentent toutes les garanties de représentation, les détenus continuent de garder prison. Qu’est-ce qui fait courir tant la junte pour ne pas accéder à la libération provisoire de ces détenus ? N’a-t-elle pas actuellement toute la plénitude du pouvoir ? Ne dit-on pas que le coup d’Etat est déjà consommé ?
Dans la même lancée, notre confrère Ousmane Toudou a été arrêté par des éléments de la gendarmerie, depuis le 11 avril 2024, pour avoir condamné le coup d’Etat, dans une tribune parue sur les réseaux sociaux au lendemain du putsch. Toudou est poursuivi pour ‘’trahison et complot contre l’autorité de l’Etat’’, apprend-on.
Nous apprenons, par ailleurs, que le journaliste ivoiro-nigérien Serge Mathurin, dont le nom a été cité dans la fameuse affaire de déstabilisation du régime du capitaine Ibrahim Traoré, serait livré à la junte burkinabè. Si cela est avéré, cet acte contredit les professions de foi du CNSP. Il est important pour la junte de respecter ses engagements pris au lendemain du coup d’Etat pour garantir les droits humains et les libertés individuelles et collectives ainsi que la restauration du processus démocratique cher au peuple nigérien.
La rédaction