Hier, je discutais avec un petit-frère sur les inondations au Niger. Je soulignais qu’il s’agit, en fait, d’une des conséquences du dérèglement climatique, phénomène mondial qui se manifeste ailleurs par des vents violents, des incendies, des sècheresses, des températures extrêmes, etc. ; et que le phénomène affecte tous les continents, si l’on observe les drames qui en résultent aux Etats-unis d’Amérique, en France, en Lituanie, en Moldavie, au Pakistan, en Chine, en Inde, au Pakistan, au Bangladesh, et plus proche de nous, au Tchad, etc.
Ici au Niger, les inondations de cette année, singulières dans l’histoire du pays, ont affecté toutes les régions, nécessitant une réponse étatique nationale, avec un programme d’urgence et un programme d’adaptation et de gestion durable.
Et le petit frère de m’interroger : « Mais, est-ce que les autorités nigériennes de la transition sauront y faire face, avec tous les défis qu’on a déjà : sécuritaires, CEDEAO, fronts armés, etc. ? ».
Sans trop réfléchir (puisqu’il s’agit d’une causerie), j’avais répondu que le Programme de Résilience pour la Sauvegarde de la Patrie (PRSP) a pris en compte les chocs liés aux sanctions de la CEDEAO et de l’UEMOA, ainsi que les défis sécuritaires. Mais, je ne pense que le CNSP ait anticipé des mesures d’adaptation à des inondations d’une telle ampleur, encore moins celles relatives à la sortie du Niger de la Ecowas – Cedeao.
Quant aux fronts armés, qui revendiquent le retour à un ordre constitutionnel et à la démocratie, ainsi que la libération de l’ancien chef de l’Etat, M. Bazoum Mohamed, je pense qu’il faut les prendre très au sérieux. Car, « il n’y a pas de petite querelle », dit Hampâté Bâ ; et les Haoussa soutiennent que « Dan hakin da kuka rena, shi ke iya tsone muku idanuwa », autrement dit, « la petite brindille de paille que vous prenez à la légère est susceptible de vous crever les yeux » …
Par la suite, le petit-frère était sérieusement surpris de m’entendre lui dire que « le Niger n’est pas encore entré dans une période de transition ». On parle de « transition », lui avais-je expliqué, lorsqu’un délai précis a été fixé, de telle date à telle autre. On peut parler de transition au Mali, puisque les autorités militaires y ont fait adopter une Constitution, ont mis en place un organe législatif de transition et organisé une concertation nationale contrôlée qui a fixé un délai de 5 ans à la fin duquel, vraisemblablement, le chef de la junte militaire sera candidat. De même, on peut parler de transition au Burkina Faso, puisque les autorités militaires au pouvoir y ont fait adopter une Charte de la Transition, ont mis en place un organe législatif de transition et organisé une concertation nationale contrôlée qui a fixé un délai de 60 mois (60 mois/12= 5 ans), aux termes desquels, si tout va bien, le chef de la junte militaire pourra être candidat. C’est aussi le cas en Guinée Conakry et au Gabon. Et si les chefs des juntes militaires font acte de candidature, j’anticipe qu’ils vont tous « gagner » les élections.
Mais, au Niger, nous sommes toujours dans le coup d’Etat, la transition n’a pas encore commencé….
Aminou Laouali
Publication sur Facebook le lundi 7 octobre 2024