La rentrée scolaire 2024-2025, initialement prévue pour le 1er octobre, a connu un report de dernière minute, désormais fixée au 28 octobre 2024. Cette décision, prise le 19 septembre en conseil des ministres, résulte des graves inondations qui ont frappé le pays et qui ont conduit à l’occupation de nombreuses écoles par des ménages sinistrés. Ce contexte soulève des interrogations quant à la capacité du gouvernement à organiser une rentrée scolaire efficace et sereine.
À dix jours de cette rentrée, le problème persiste : plusieurs établissements scolaires continuent d’être occupés par des familles ayant tout perdu. Cette situation est alarmante et soulève des questions sur la capacité du gouvernement à gérer efficacement cette crise. Le Premier ministre, Ali Lamine Mahaman Zeine, a tenté de remédier à cette occupation en adressant le 10 octobre 2024 une correspondance au ministre de l’Intérieur. Dans cette lettre, il lui demande d’instruire les gouverneurs des régions, les préfets et les administrateurs délégués d’accélérer le processus de relogement des sinistrés dans des conditions décentes. L’objectif est clair : libérer les écoles pour garantir un bon déroulement de la rentrée scolaire pour les élèves et les enseignants.
Dans le même ordre d’idée, la ministre de l’Éducation nationale, Elisabeth Chérif, a élaboré une note de cadrage le 11 octobre 2024, visant à mettre en œuvre des mesures pour assurer une rentrée réussie. Cependant, ces mesures sont perçues par certains comme une « charrue avant les bœufs ». Un responsable syndical des enseignants a exprimé, sur un média international, ses doutes en affirmant qu’en dehors des affectations des enseignants, aucune autre mesure concrète n’a été mise en place. Il a mis en lumière l’absence de fournitures scolaires, traditionnellement disponibles à cette période de l’année, ainsi que les revendications non satisfaites de ses collègues, notamment le paiement des arriérés de salaires et le recrutement des enseignants contractuels à la fonction publique.
Cette accumulation de problèmes crée un climat d’incertitude. Les enseignants, qui sont déjà en proie à des conditions de travail précaires, se retrouvent dans une situation encore plus alarmante. Chacun se demande : la rentrée scolaire pourrait-elle véritablement se tenir le 28 octobre 2024 comme annoncé ? Le gouvernement aura-t-il « sauver les meubles » ?
Le défi auquel fait face le gouvernement n’est pas seulement logistique, il est aussi moral. Alors que les enfants devraient retrouver le chemin de l’école, de nombreuses familles continuent de souffrir des conséquences des inondations. Cela pose la question de la priorité accordée à l’éducation par les décideurs malgré le chapelet des bonnes intentions à ce sujet contenues dans la note de cadrage de la ministre Elisabeth. La scolarisation des enfants doit-elle passer au second plan face à des besoins humanitaires immédiats ?
Le temps joue contre le gouvernement. À dix jours de la rentrée, il est urgent que des actions concrètes soient mises en place. Le relogement des sinistrés est une priorité, mais il doit être accompagné de mesures tangibles pour garantir un environnement scolaire propice à l’apprentissage. Les enseignants doivent également être entendus et leurs revendications prises en charge pour éviter une nouvelle crise dans le secteur éducatif.
La rentrée scolaire 2024-2025 au Niger fait face à des défis énormes. Les autorités doivent agir rapidement et efficacement pour résoudre cette crise. La question demeure : le gouvernement peut-il vraiment garantir une rentrée réussie dans un si court délai ? L’avenir de milliers d’enfants en dépend, et il est temps que les décideurs prennent leurs responsabilités. Les yeux sont rivés sur eux, et la patience de la population s’amenuise. Attendons de voir si le gouvernement saura relever ce défi colossal.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 17 octobre 2024
