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Niamey
6 décembre, 2024
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 Point de vue :  Rien de nouveau sous le soleil (et la pluie) du Sahel

Ainsi écrivait le sage, il y a bien longtemps, lorsque, encore avec honnêteté, on observait la condition humaine dans toute sa dramaturgie. Aujourd’hui, on préfère parler de spectacle. Les victimes, comme les drames qui se répètent au Sahel et ailleurs, confirment que le « nouveau » a déjà eu lieu.  Y aurait-il quelque chose à dire « voilà enfin du nouveau » qui n’ait déjà été dans le temps et dont on ne garde pas le souvenir ? Vanité des vanités, écrivait le sage, tout est vanité. Il y a un temps pour tout et tout pour un temps, dit le sage Un temps pour chercher et un temps pour perdre.

Dans ce contexte, « vanité » doit être interprétée comme un synonyme de souffle, de respiration, de brume matinale qui disparaît avec l’arrivée du soleil. Les vanités sont les incohérences qui sont présentées au peuple comme nécessaires. Comme de vagues promesses d’un monde et d’un avenir meilleurs qui arriveront certainement demain ou bientôt. Une question de jours, d’années ou de générations, mais qui, sans aucun doute, arrivera plus tôt que tard. L’art de la guerre continue à se transmettre et, pire encore, quand on prend Dieu en otage, il est justifié. Il y a un temps pour tout, dit le sage. Un temps pour se taire et un temps pour parler.

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil du Sahel. Il en va de même pour l’accumulation, la gestion et la préservation du pouvoir politique, économique et religieux. Des élites civiles aux élites militaires, tant que le peuple des humbles, c’est-à-dire le peuple des sables, est exclu, contrôlé et conduit dans la direction fixée par les « illuminés » du moment. Vanités sont les mots qui n’ont plus aucun rapport avec la vérité et deviennent les moyens d’emprisonner la réalité dans l’idéologie dominante. Le mensonge se reproduit avec la complicité de paroles vendues au vent. Il y a un temps pour tout, écrit le sage.

Un temps pour donner la vie et un autre pour mourir. Un temps pour planter et un temps pour déraciner. Un temps pour détruire et un temps pour construire. Un temps pour gémir et un temps pour danser. Vanité des vanités, tout, disait le sage, est vanité. Les régimes d’exception, les régimes de transition, les monarchies, les républiques et les dictatures qui préparent la démocratie pour finir entre les mains des détenteurs de l’argent. Cela aussi, c’est de la vanité, dirait le sage. Il y a un temps pour tout. Un temps pour être citoyen et un temps pour vivre en esclave. Un temps pour se déchirer et un temps pour s’unir.

Il n’y a rien de nouveau sous le soleil du Sahel. Les saisons passent et les droits que l’on croyait inexpugnables aussi. Le droit de penser, de se déplacer, de s’associer, de professer des convictions politiques et religieuses, le droit à l’information et surtout le droit à une vie décente. Vanité des vanités, tout est vanité, imagine le sage. Car il y a un temps pour tout et tout pour un temps. Un temps pour la guerre et un temps pour la paix, ce que le Sahel et le monde ont perdu. Cette dernière est comme un chemin qui, ayant cessé d’être parcouru, s’est effacé. Seuls ceux qui marchent les mains nues se souviennent de son existence, de sa direction et de son secret.

Mauro Armanino, Niamey, septembre 2024

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