Cela fait environ un mois que Boubacar Sabo et Ibrahim Maman, deux leaders du PNDS, proches du président Bazoum, sont détenus à la gendarmerie, à Niamey, sans qu’on ne leur notifie leur chef d’accusation. Contactés par nos soins, leurs proches nous ont confié que pour le moment, les détenus ignorent ce qui leur est reproché. Ce qui vient ajouter au lot des autres détenus qui pour leurs opinions, qui pour leur proximité avec le président Bazoum. Nul doute que Boubacar Sabo et Ibrahim Maman n’ont jamais fait mystère de leur soutien à Mohamed Bazoum et le retour à l’ordre constitutionnel.
Depuis un an, aucun acte de décrispation n’a été posé par les nouvelles autorités. La détention des personnalités du régime renversé se poursuit suivant des pratiques qui jurent avec l’Etat de droit comme c’est le cas des ministres du régime Bazoum libérés par le juge mais maintenus en détention. Alors qu’ils présentent toutes les garanties de représentation, les détenus continuent de garder prison. Ce sont des hommes d’Etat qui ont une haute idée de l’Etat pour l’avoir géré pendant des années. Qu’est-ce qui fait courir tant la junte pour ne pas accéder à la libération provisoire de ces détenus ? N’a-t-elle pas actuellement toute la plénitude du pouvoir ? Ne dit-on pas que le coup d’Etat est déjà consommé ?
Ce sont là autant de questionnements qui laissent plus d’un nigérien perplexes et qui rappellent le CNSP à ses engagements de respecter les principes de l’Etat de droit et toutes les conventions internationales relatives à la protection des droits humains fondamentaux.
L’entretien que le général Tiani a accordé à la télévision publique, le 3 août dernier, a jeté un froid au sein de l’opinion quant au respect des droits politiques. En évoquant la tenue prochaine du dialogue national, le général Tiani a épinglé aussi les acteurs politiques. « Ceux qui sont là à dire qu’ils attendent 1 an, 2 ans que la transition parte, qu’ils reviennent reconduire les mêmes attitudes, alors ils ont du pain sur la planche parce qu’ils attendront longtemps », avant d’ajouter que « le peuple nigérien prendra des dispositions pour que ceux qui sont partis par la petite porte ne puissent revenir même par la fenêtre. Ça c’est un serment ». Il faut alors craindre que le forum du dialogue national censé être inclusif promeuve la discrimination contre ces concitoyens dont le tort est d’avoir géré l’Etat sous un régime démocratique que le CNSP a renversé. Ce qui ouvrira le boulevard pour disqualifier certains acteurs politiques, en particulier ceux du régime renversé, et consacrera la rupture d’égalité des citoyens.
Dans ce contexte de défis multiformes auxquels le Niger est confronté, la décrispation est la clé de la solution pour y faire face dans l’unité des cœurs et des esprits. L’escalade verbale ou le manichéisme perfide entre patriotes et apatrides auxquels nous assistons ne pourront que creuser le fossé entre Nigériens et retarder l’union sacrée nécessaire pour sauver le pays de l’impasse.
La rédaction
L’Autre Républicain du jeudi 29 Août 2024