Le sujet était déjà évoqué dans les réseaux laboussanistes. Une nouvelle raffinerie serait construite à Dosso. On ne connait pas encore les contours techniques de ce projet : un pipeline sera-t-il construit à l’image de celui qui relie Koulélé (Agadem) aux côtes béninoises ? Ce pipeline qui aurait coûté près de 3.000 milliards de francs CFA n’a malheureusement pas commencé à être rentabilisé, en assurant le retour sur investissement, en raison de la crise politique entre la junte nigérienne et le gouvernement béninois.
L’information des laboussanistes se confirme avec la mise en place d’un comité technique chargé de réfléchir sur le projet par le ministre du Pétrole. Parlons de quelques statistiques pour mieux se situer. Au total, ce sont 110.000 barils qui sont produits par jour. Le Niger dispose du 1/3 de cette production soit 36.000 barils. Or, nous ne raffinons que 20.000 barils par jour à la Société de Raffinage de Zinder (SORAZ). Le Niger n’exporte en tout et pour tout que 16.000 barils par jour.
Les 2/3 de la production reviennent aux Chinois. Ces derniers n’accepteront jamais de vendre leur part à une raffinerie au fonctionnement aléatoire et aux débouchés improbables. Ils préfèreront toujours vendre leur part de pétrole en haute mer sur le marché libre international.
Allons dans l’hypothèse que le Niger raffine 100.000 barils par jour, qui va acheter cette production ? La question mérite d’être posée ce, d’autant que le Niger, lui-même, ne consomme pas toute la production de la SORAZ. Le Burkina Faso et le Mali ne consomment pas non plus l’équivalent d’une production de 100.000 barils/jour.
L’autre question qui découle de la précédente est de savoir comment un gouvernement peut-il mettre en place un comité technique pour réfléchir sur quelque chose qui n’existe pas ? La raffinerie de Zinder dont la construction avait été évaluée à près de 900 millions de dollars, essentiellement sur financement de la Chine, est-elle déjà débordée pour envisager une nouvelle ? Qui va prendre en charge le financement ?
On se rappelle que le régime de la Renaissance avait envisagé la construction d’un pipeline SORAZ–Torodi pour transporter les produits pétroliers pour un coût de près de 600 milliards FCFA. Il aurait permis de rapprocher le produit du marché de Niamey (grosse consommatrice des produits pétroliers) et de celui des pays de la sous-région comme le Mali et le Burkina Faso. Ce projet s‘il avait été réalisé aurait réduit le délai d’approvisionnement, garanti la flexibilité pour exporter vers des pays voisins, et augmenté la capacité d’approvisionnement. La conception, le financement, la mise en œuvre, l’exploitation et le partage de risques se feraient entre l’Etat et le partenaire qui accepterait d’accompagner le projet.
Une nouvelle raffinerie avec une clientèle incertaine ne pourrait être qu’un éléphant blanc. Ceux qui mettent leur argent pour réaliser de tels projets s’assurent, au préalable, de l’efficacité de l’investissement sur la base d’une analyse rigoureuse coûts-avantages économiques.
S’exprimant sur cet éventuel projet, Ali Zada, expert en politiques publiques, préconisait plutôt la mise en valeur des dallols dans la région de Dosso que la construction d’une raffinerie dont la viabilité économique est aléatoire et les conséquences environnementales incalculables sur l’écosystème. La mise en valeur de ces dallols aurait permis de résoudre un des gros défis auxquels le Niger est confronté à savoir le défi alimentaire. A l’ère du laboussanisme, on peut tout dire par pure propagande….
La rédaction