Depuis sa création en 1991, le Syndicat Autonome de Magistrats du Niger (SAMAN) s’est illustré dans le combat pour l’indépendance de la justice face aux pressions politiques et aux ingérences externes. Alors que l’histoire du corps des magistrats au Niger remonte à l’adoption du premier statut en 1966, le SAMAN a su rester fidèle à sa mission première malgré les soubresauts qui ont marqué le paysage politique national.
En 2006, le SAMAN a partagé l’espace syndical avec une nouvelle organisation syndicale dénommée Syndicat Indépendant des Magistrats du Niger (SIMAN). Malgré tout, le SAMAN était resté ferme et déterminé, continuant à défendre avec vigueur les principes d’indépendance et d’intégrité.
Au fil des années, le SAMAN a su résister aux pressions et demeurer un bastion de la lutte pour une justice libre et équitable. Malgré les soubresauts politiques et les changements de régime, le syndicat est resté constant dans sa quête d’indépendance et de respect de l’Etat de droit. Sa récente décision demandant à ses membres de se retirer de la Commission de Lutte contre la Délinquance Économique, Financière et Fiscale (COLDEFF) en raison d’ingérences et de mépris envers l’indépendance de la justice en est une preuve éloquente.
Aujourd’hui, alors qu’un nouveau syndicat, l’Union des Magistrats du Niger (UMAN), voit le jour en pleine période de transition, la question de son objectif et de son indépendance se pose légitimement. Sera-t-il un allié du SAMAN dans la défense de l’indépendance judiciaire ?
Avec le procès portant sur la levée de l’immunité du président Mohamed Bazoum, prévu le 7 juin 2024, devant la Cour d’Etat, les enjeux de l’indépendance de la justice et du respect de l’Etat de droit sont plus que jamais d’actualité. Le SAMAN se trouve une fois de plus au cœur du débat, prêt à défendre la séparation des pouvoirs et l’indépendance de la justice.
Le Syndicat Autonome de Magistrats du Niger incarne un pilier essentiel de la démocratie et de bonne gouvernance dans le pays. Sa résilience face aux tentatives de déstabilisation et sa détermination à préserver l’indépendance de la justice en font un modèle de courage et d’intégrité pour l’ensemble de la communauté judiciaire. Au Niger, la vérité et la justice ne peuvent s’accommoder de compromissions politiques : elles trouvent leur fondement dans la liberté et l’autonomie des magistrats.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 6 juin 2024