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6 octobre, 2024
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Tribune libre : Démocratie Vs régime d’exception !

Par Elh. M. Souleymane

Au Niger, il est clair que les choses sont simples désormais : il y a le camp des adeptes des libertés et des droits de la personne, et le camp de celles et de ceux qui veulent une dictature et une tyrannie sans égard pour les droits imprescriptibles des peuples et des individus.

Pourtant, c’est connu : « le temps des dictatures éclairées faisant appel à des sauveurs imaginaires pour régler des conflits nationaux est révolu », écrivait un philosophe contemporain.

Quand on sait que le Niger, avant le 26 juillet 2023, avançait sur le chemin d’un développement à deux chiffres et que le ciel radieux promettait des essors tous azimuts (sur les plans de l’éducation, des normes sécuritaires, économiques, etc.) qui sont désormais remis en question du fait des arrêts des accords de coopération avec les partenaires du Niger, “Il serait judicieux de savoir quels sont les objectifs politiques de cette aventure militaro-politique”, pour reprendre l’expression du même philosophe cité plus haut.

Jamais le multilatérisme n’a été remis en cause au Niger que sous le magistère du général Abdourahamane Tiani où le Niger a systématiquement tourné le dos aux acquis de sa coopération avec ses partenaires traditionnels. Dans un monde où les États n’ont pas d’amis mais des intérêts, n’est-ce pas plus proactif que de coopérer avec tout le monde au lieu de faire des choix qui frisent l’isolationnisme ? N’est-ce pas plus souverain en business comme en diplomatie que d’être dans la diversité de partenariats pourvu de sauvegarder ses intérêts ?

Ce constat est exprimé ici avec plus de pertinence par ce citoyen du monde, expert en politiques publiques, lorsqu’il écrit : “Les modèles de gouvernance doivent être plutôt ceux de la coopération internationale harmonieuse et des valeurs de coexistence pacifique ; la guerre n’a jamais été la grande santé des peuples. Il est encore temps pour le Niger, pour l’Afrique de l’Ouest, de proposer des modèles politiques de gouvernance inventifs et vraiment bénéfiques pour tout le monde. Ce n’est pas la haine et le ressentiment victimaires qui font avancer les États et les sociétés mais l’invention et la concorde, l’éducation et le bien-être, la santé et la justice, la paix et la sécurité car les limitations des libertés fondamentales et les décisions de s’en remettre au militarisme revanchard peuvent cacher l’absence d’innovations et d’inventions politiques authentiques.”

Dans ce sens, ce qui est déplorable, c’est justement cette tendance à prôner l’isolement, l’autarcie, ce qui s’oppose à une loi de la nature à savoir que nul ne se suffit à soi-même d’où la nécessité d’accepter l’altérité. Dans le Coran, le Créateur des cieux et de la terre nous avertit qu’Il nous a créés différemment pour mieux nous connaitre, pour mieux commercer. « Ô hommes ! Nous vous avons créés d’un mâle et d’une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. Le plus noble d’entre vous, auprès d’Allah, est le plus pieux. Allah est certes Omniscient et Grand-Connaisseur ». [Quran 49 : 13].

Il faudrait donc savoir raison garder en faisant montre d’humilité et de respect des autres pour se tirer d’affaires. Cela vaut pour un pays comme pour les individus dans leurs rapports avec autrui.

Il faut comparer ce qui est comparable, dit-on. Notre pays a expérimenté la démocratie tout comme la dictature. Les journalistes, par exemple, savent que l’épanouissement de leur corporation est consubstantiel à la démocratie. Les hommes politiques observent impuissants l’intrusion du militaire sur le terrain politique au détriment du multipartisme intégral qui constitue le choix souverain du peuple nigérien. Les dictatures militaires s’érigent en modèle de gouvernance avec tout ce que cela suppose comme tares : pensée unique, négation des droits humains fondamentaux et refus de l’altérité. Au Mali, non content d’avoir passé quatre (4) ans aux commandes, le colonel Assimi Goita est en passe d’obtenir une rallonge de trois ans soit un septennat. Les observateurs se demandent à quand la fin de la transition des juntes sahéliennes avec des engagements de retour à la normalité constitutionnelle qui ne sont jamais respectés ? 

A bien comprendre les enjeux et la nécessité d’un retour à la démocratie, le coup d’Etat est le scénario du pire et de la régression. On ne saurait développer un pays en mettant entre parenthèses les libertés fondamentales. 

Il faut prendre très au sérieux ce constat de cet analyste : “Le gâchis pour le Niger provient de ce coup de force qui détruit la confiance entre le politique et le militaire, arrête tous les projets engagés depuis 2021, et fait donc régresser le Niger à l’époque de 1974. Je ne sais pas comment on en est arrivé là ; ce que je sais est que c’est un énorme gâchis pour le pays et que toutes ces malversations et destructions sont délétères pour le Niger et surtout très contre-productives pour le développement économique et social du pays.”

Elh. M. Souleymane

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