Le 1er mai 2024, les Centrales syndicales ont célébré la fête du travail. Défilés et déclarations ont rythmé cette fête avec, au centre, les conditions de vie et de travail de leurs adhérents. Toutefois, une ombre de préoccupation a plané incontestablement au-dessus de ces festivités, sous la gouvernance du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP).
Malgré les éloges adressés à cet organe de transition par l’ensemble des Centrales syndicales pour, selon eux, son dévouement indéfectible en faveur de la souveraineté nationale et de la préservation des intérêts de la nation, un sentiment de désillusion persiste au sein des différents corps syndicaux. En dépit des professions de foi louables du CNSP, les attentes des travailleurs demeurent insatisfaites, nourrissant ainsi un climat de mécontentement au sein de la population active.
Dans ce contexte délicat, il est important de souligner la nécessité de renouer avec le dialogue social et la concertation entre les autorités en place et les représentants des travailleurs, afin de garantir un équilibre juste et équitable dans les relations professionnelles et de répondre de manière adéquate aux revendications légitimes des travailleurs, pierre angulaire de tout État respectueux des droits fondamentaux de ses citoyens.
En effet : « les centrales syndicales ont souligné le paiement régulier des salaires depuis l’avènement du gouvernement de transition, mais elles ont également mis en exergue l’absence de négociations sur les diverses revendications des travailleurs. Ces revendications, pour lesquelles des accords préalables avaient été signés, qui incluent des points vitaux pour les travailleurs, tels que la revalorisation du régime indemnitaire des agents de l’État, le paiement des incidences financières, le rehaussement du Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG), l’application du Statut Général de la Fonction Publique de l’État, le recrutement dans la Fonction Publique, ainsi que l’organisation des concours professionnels. »
Cette situation soulève des questions quant à l’engagement réel du gouvernement envers les travailleurs et leur bien-être. Alors que les salaires sont versés régulièrement, l’absence de dialogue et de prise en compte des préoccupations essentielles des travailleurs laisse un goût amer au sein des Centrales syndicales. Ces dernières se retrouvent face à un dilemme où la reconnaissance des aspects positifs de la transition politique s’accompagne de la frustration due au manque de concertation sur des questions vitales pour les travailleurs.
En ce 1er mai 2024, les Centrales syndicales expriment ouvertement leur mécontentement face à cette situation qui compromet le climat social et économique du pays.
Cette journée symbolique, habituellement dédiée à la célébration des travailleurs et de leurs droits, devient l’occasion pour les syndicats de rappeler avec insistance l’importance de la concertation et de la prise en compte des revendications légitimes des travailleurs. Le fossé entre les aspirations des travailleurs et les actions concrètes du gouvernement se creuse, laissant entrevoir des tensions potentielles dans les relations sociales à venir.
Le 1er mai 2024 restera dans les mémoires comme une journée où les Centrales syndicales du Niger ont exprimé leur soutien au gouvernement de transition tout en déplorant le manque de dialogue et de prise en compte de leurs revendications. Cette dualité entre reconnaissance et déception souligne les défis persistants auxquels sont confrontés les travailleurs du pays, mettant en lumière la nécessité impérieuse d’un dialogue social constructif et inclusif pour garantir un avenir meilleur pour tous. Les prochains jours vont nous édifier davantage si les travailleurs vont toujours observer passivement pendant que des rentrées colossales des capitaux s’effectuent sous leur nez.
Mahamadou Tahirou
L’Autre Républicain du jeudi 16 Mai 2024
