Le franco-béninois Kémi Seba et la suisso-camerounaise Nathalie Yamb étaient récemment à Niamey. Jusqu’au 26 juillet 2023, le Niger n’était pas une destination pour ces prétendus panafricanistes dont le business est de surfer sur des sentiments faussement anti-occidentaux. Plutôt que de travailler pour l’intégration des Etats africains, ils font tout le contraire suivant une approche manichéenne avec d’une part les bons et de l’autre les mauvais. C’est ça leur discours panafricaniste.
Jusqu’au 26 juillet, ils n’osaient pas mettre pied au Niger parce que leur discours rayé n’intéressait pas les Nigériens. Mais depuis le 26 juillet, Kemi Seba, Nathalie Yamb et Franklin Nyamsi sont accueillis avec honneurs et faste par la junte au pouvoir qui pense se servir de ces prétendus influenceurs comme des leviers pour porter leur discours au plan international.
Tous ces « panafricons » n’ont aucune plus-value à apporter au combat que les Nigériens mènent depuis très longtemps pour leur souveraineté. Il n’y a que la junte pour croire à leur réseau d’influence même si leur proximité avec la Russie pourrait laisser croire qu’ils sont capables d’ouvrir certaines portes. Les Nigériens n’en ont cure parce qu’ils savent qu’ils n’ont rien à leur apprendre sur le combat pour la souveraineté. C’est ce que les jeunes d’Agadez et de Zinder ont tenu à dire de vive voix à l’annonce de l’arrivée de ces « panafricons » dans leurs villes en compagnie curieusement du ministre de la Jeunesse, Porte-parole du CNSP. La réponse des jeunes est cinglante : nous n’en voulons pas.
Que cherche le ministre de la Jeunesse dans ce déplacement ? Aucun doute : il doit partager avec Kémi et Nathalie le cinglant revers qu’ils ont subi à Agadez et Zinder. Ne croyez surtout pas que ces gens appelés influenceurs sont bénévoles ou animés de l’altruisme qui doit caractériser tout militant des grandes causes. Ils sont en mission. C’est aussi ce que les jeunes ont compris en refusant toute manœuvre d’infantilisation et d’instrumentalisation pour servir les intérêts bassement personnels de quelques individus qui croient disposer de l’aura divine de nous sensibiliser et nous montrer le chemin de la béatitude.
Où est-ce que Kémi Seba et Nathalie Yamb étaient lorsque les scolaires et travailleurs nigériens ont mené le dur combat contre les Programmes d’Ajustement Structurel (PAS), symboles de la domination impérialiste ? Où est-ce qu’ils étaient lorsque les scolaires et travailleurs ont lutté pour la convocation de la Conférence Nationale Souveraine et l’instauration de la démocratie ou lorsque des Organisations de la société civile ont mené le combat contre la vie chère, pour ne citer que ces quelques exemples emblématiques ? Au Niger, il y a une tradition de lutte contre l’impérialisme et pour le panafricanisme que des groupes sociaux comme les scolaires et travailleurs ont toujours portée.
A Agadez et Zinder, le message des jeunes est sans équivoque : on ne veut pas des imposteurs. Ce qui prouve la maturité politique de ces jeunes en refusant d’être manipulés sur fond de faux discours grandiloquents sur le panafricanisme et l’anti impérialisme au moment où les gens ont des problèmes existentiels.
Kémi Seba vit en France, et Nathalie en Suisse, très loin des réalités quotidiennes de l’Afrique. Tous les deux ont aussi un autre dénominateur commun à savoir fustiger les gouvernements des autres pays sans regarder ce qui se fait au Bénin et au Cameroun. Ils semblent même très bienveillants vis-à-vis de ces pays.
La rédaction
L’Autre Républicain du jeudi 30 Mai 2024