Issoufou Mahamadou, l’éternel chouchou de la République
Par Sidi Tiegoum
C’est certain, Issoufou Mahamadou fait pâlir de jalousie Mahamane Ousmane et Salou Djibo. Les Nigériens le savent, l’apôtre de la ‘’Renaissance’’ n’est pas logé à la même enseigne que ses deux devanciers aux commandes de l’État. L’auteur de la célébrissime ⌠et tout aussi démagogique⌡ phrase ‘’le Niger n’est pas un pays pauvre, c’est un pays mal géré » ne s’est jamais imaginé une vie ordinaire après le pouvoir. Pas un seul instant il n’a pensé à couper le cordon ombilical avec les fastes de la République. Il ne s’est jamais imposé un sevrage dans ce sens. De manière pathologique, il adore le pouvoir qu’il entend incarner ⌠sans partage⌡ ad vitam æternam. Il a une envie consumante de tout régenter, absolument tout. C’est donc une vie de pacha qu’il mène depuis qu’il a prétendument quitté le pouvoir. Nourri, logé et blanchi aux frais de la princesse, le quotidien d’Issoufou Mahamadou s’apparente à un véritable conte des mille et une nuits. Pourtant les textes de notre pays sont clairs en ce qui concerne la pension et les avantages alloués aux anciens chefs d’État. À l’issue du conseil des ministres du 7 octobre 2021, il a été adopté le projet de décret modifiant le décret n° 94-036 du 04 mars 1994, portant modalités d’application de la loi n° 94-003 du 03 février 1994, fixant le régime applicable à la pension des anciens présidents de la République. « un (01) logement meublé ou une indemnité mensuelle de logement d’un million (1.000.000.000) francs, un (01) véhicule officiel avec chauffeur, deux (02) véhicules de famille avec chauffeurs, deux (02) véhicules pour la sécurité, un (01) chef de cabinet, un (01) médecin personnel, un (01) secrétaire particulier, un (01) aide de camp, deux (02) boys, deux (02) cuisiniers, deux (02) jardiniers et deux (02) maîtres d’hôtel, un (01) agent de protocole et deux (02) assistants », tels sont, entre autres, les privilèges et avantages auxquels peuvent désormais prétendre tous ceux qui ont dirigé le Niger. Sauf qu’Issoufou Mahamadou bénéficie d’un ‘’traitement de faveur’’, pour ainsi dire. Comparé à ses pairs encore en vie (Mahamane Ousmane et Salou Djibo), le natif de Dan Daji est de loin l’ex chef d’État le plus chouchouté de toute l’histoire politique du Niger. Depuis plus de 12 ans, les nuits et les journées d’Issoufou Mahamadou sont sécurisées par des pelotons entiers de la garde présidentielle. Mieux, il n’occupe pas un seul « logement meublé » comme prévu par les textes, il a tout bonnement pris ses quartiers dans une suite de luxueuses villas situées à un jet de pierre du palais présidentiel (la preuve qu’il n’aime pas s’éloigner des lambris dorés du pouvoir). Mahamane Ousmane et Salou Djibo, à qui la République refuse ces délicates attentions, ont de quoi fulminer. Le ‘’traitement préférentiel’’ dont fait l’objet Issoufou Mahamadou est proprement scandaleux. « Il y a une vie après le pouvoir, je prépare cette vie. À partir du 02 avril, j’ai l’intention de créer la Fondation Issoufou Mahamadou (FIM) », a déclaré ‘’Zaki’’ quelques jours avant la prestation de serment de Bazoum Mohamed. Avec le recul, ces propos sonnent faux. Le goût immodéré du pouvoir est irrémédiablement inscrit dans l’ADN politique d’Issoufou Mahamadou. Il n’est pas de trop de rappeler la demeure pharaonique que ce dernier est en train de se bâtir à Gabagoura sur un terrain de 9 143 ha pour un coût estimé des travaux déjà exécutés de 843 007 259 FCFA selon ses propres dires. C’est clair, l’État doit cesser d’être exagérément généreux envers Issoufou Mahamadou. Il est temps de respecter les textes de la République en plaçant tous les anciens chefs d’État du Niger sur le même piédestal. Si le Conseil National pour la Sauvegarde de la Partie (CNSP) a véritablement mis fin au régime de la 7ème République, rien ne saurait alors justifier les privilèges outrancièrement indus dont bénéficie Issoufou Mahamadou encore et toujours.
Sidi Tiégoum
