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8 novembre, 2024
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Sanctions et Isolement Diplomatique: NIGER : Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

Plus de trois mois après les événements du 26 juillet 2023, le Conseil National pour la Sauvegarde
de la Patrie (CNSP) peine à s’extraire de l’étau des sanctions économiques encore moins à briser
l’isolement diplomatique qui frappe le Niger. C’est un fait indéniable, le train de la ‘’refondation’’
est bloqué en gare.

Une mauvaise passe

En réponse aux événements du 26 juillet 2023, la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décrété une batterie de mesures particulièrement coercitives contre le Niger :

«Ces sanctions visent notamment à nous priver de ressources financières indispensables au
fonctionnement de nos institutions, à entraver notre vie quotidienne et à étouffer notre économie
et le petit commerce », a déploré le général Abdourahamane Tiani, ce 19 août 2023. Le patron du
Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) ne croit pas si bien dire, la CEDEAO a eu la
main lourde. Le Niger traverse une mauvaise passe, c’est le moins qu’on puisse dire. Le coût de la vie
s’est littéralement envolé. La suspension des financements internationaux n’est pas pour adoucir le
quotidien des populations déjà meurtries par des défis sans cesse croissants. Aujourd’hui, le pays
tient tant bien que mal sur fond de nouvelles menaces : « La combinaison des sanctions et des
conflits avec les vulnérabilités existantes au Niger pourrait avoir des effets dévastateurs sur la vie
de 4,4 millions de personnes dans le pays qui ont déjà besoin d’aide humanitaire », a fait savoir une
coalition d’ONG présentes au Niger. Malheureusement, la météo ne s’est guère améliorée.

À court d’options

Il ne faut pas se voiler la face, le CNSP est à court d’options. Le général Tiani et ses compagnons
d’armes s’en rendent compte chaque jour davantage. Il y a nécessité urgente de desserrer l’étau
autour de notre pays. Mais comment s’y prendre ? Récemment les autorités militaires du Niger ont
sollicité les bons offices du Togo. La démarche vise à faire de Faure Gnassingbé le ‘’facilitateur’’ d’un
éventuel dialogue entre Niamey et la communauté internationale. Au passage, le CNSP a désigné le
Togo « comme pays garant du retrait des forces françaises du Niger ». Sans grande conviction, les
autorités de Lomé ont promis la création d’un ‘’Groupe d’Appui à la Transition (au Niger) sous l’égide
de l’Alliance Politique Africaine (APA) ». En vérité, il n’y a rien de concret dans ce ‘’plan de sortie de
crise’’ dont se targue Lomé. Les faits sont là, le CNSP n’arrive pas à surmonter le statu-quo qu’il a lui-même engendré. Les lignes ne bougent pas ni avec la CEDEAO, ni avec l’Union Économique et
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA) encore moins avec la communauté internationale. Le semblant
de solidarité affichée par le Mali et le Burkina Faso (on se serre les coudes entre juntes) ne suffit pas
au CNSP à sortir la tête de l’eau. Les Nigériens essayent de s’adapter aux épreuves qu’ils traversent
depuis trois mois déjà. C’est bien connu, les limites de la résilience ne sont pas infinies. Le poids de la réalité devient de plus en plus insupportable pour l’immense majorité des citoyens.

Attention à l’impasse

C’est un secret de Polichinelle, le CNSP n’est pas très ami-ami avec les entités politiques et
financières sous régionales. L’arrestation (sans explications) du directeur national de la BCEAO en dit long sur l’érosion des relations entre Niamey et la banque centrale de l’Union monétaire ouest-
africaine. Sur le plan diplomatique également, l’embellie n’est pas de mise entre le Niger et les
institutions internationales et autres pays développés. Au mois de septembre, en réaction à son
exclusion de la 78ème session de l’Assemblée générale de l’ONU, le CNSP a vigoureusement dénoncé les ‘’agissements perfides du SG de l’ONU Antonio Guterres qui sont de nature à saper tout effort
de sortie de crise dans notre pays ’’. Pour diluer leur colère, les autorités militaires ont expulsé du
Niger la coordonnatrice de l’ONU, Louise Aubin. Le même sort a été réservé à l’ambassadeur de
France au Niger, Sylvain Itté. Bien évidemment, ces décisions à l’emporte-pièce ne sont pas de nature à briser l’isolement diplomatique dans lequel notre pays est plongé depuis le 26 juillet dernier.
Engager des bras de fer tous azimuts revient à confiner le Niger dans une situation sans issue. Au
niveau national, les engagements du CNSP tardent à se traduire en actes. Les contours du dialogue
national inclusif devant poser « les fondements d’une nouvelle vie constitutionnelle » promis par le
général Tiani restent invisibles. Coincé entre des lourdes sanctions économiques et un grand
isolement diplomatique, notre pays est mal-en-point. Niger, y a-t-il un pilote dans l’avion ? La
question reste posée.

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