« […] Près de 30 000 partisans du coup d’État se sont retrouvés ce dimanche 6 août, dans
l’après-midi, au stade Général Seyni Kountché », a rapporté un média international. Ces
rassemblements de foule XXL à la gloire du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie
(CNSP) appartiennent désormais au passé. La réalité du quotidien a fait se dissiper l’ardeur
de nombre de Niaméens prompts à répondre présents aux sollicitations des militaires.
Il faut reconnaître que le général Tiani a abondamment puisé dans la psychologie de masse pour
les besoins de son ‘’message à la nation’’ du 20 août : « […] Je tiens à vous réaffirmer, mes
chers compatriotes, que tout comme les autres membres du CNSP et du Gouvernement, je
suis au service du Niger et de ses seuls intérêts et que je ne trahirai jamais vos espérances,
In Sha Allah », a-t-il déclaré. L’ex patron de la Garde présidentielle n’a pas manqué de se
poser en ‘’militant anti-impérialiste et patriote irréductible’’ en s’identifiant à quelques noms
inscrits au Panthéon des personnages historiques de notre pays : Idriss Alaouma, Mali Béro,
Kaocen Ag Kedda et tant d’autres héros nigériens. La mayonnaise a pris.
La ‘’Tianimania’’ a poussé aux quatre coins du pays, ou presque. Tout en haut de la pyramide des comités de soutien du CNSP, l’on trouve les ‘’brigades de veille citoyenne ». Apparus dès le 4 août au
niveau des principaux ronds-points de la capitale, ces jeunes (chauffés à blanc à coup de
slogans ‘’patriotiques’’) ont érigé leur quartier général à un jet de pierre de la base abritant
les forces françaises sommées de quitter le Niger. Entre nuits blanches et sono à fond, les
membres des brigades de veille citoyenne se veulent ‘’les gardiens de la révolution
nigérienne’’. Au plus fort des manifestations pro-junte, les ‘’patriotes’’ du rond-point
Escadrille ont reçu le soutien du ‘’panafricaniste’’ Stellio Gilles Robert Capo Chichi dit Kémi
Séba. Un appui inespéré pour le CNSP qui s’inspire largement des ‘’refondations’’ en cours
au Burkina Faso et au Mali. Seulement, le temps et les promesses qui tardent à se
matérialiser ont grandement érodé les ovations dont a bénéficié Tiani aux premières
semaines de son irruption au sommet de l’État. Les fan-clubs du général se sont effrités,
pour ainsi dire. Les ‘’brigades de veille citoyenne’’ ne donnent presque plus de la voix. On
parle de maldonne dans la distribution des espèces sonnantes et trébuchantes. Certains
‘’patriotes’’ se sont sentis floués sur toute la ligne, apprend-on.
Une chose est sûre, le général Tiani ne peut compter indéfiniment sur le soutien de la rue. Il doit sortir de son auto-confinement et s’atteler à satisfaire les multiples attentes des Nigériens.
