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14 septembre, 2024
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Issoufou Mahamadou : Pris à son propre piège 

Deux mois après les évènements du 26 juillet dernier, Issoufou Mahamadou est plus que jamais dans le brouillard. Son jeu se retourne contre lui. Les cartes lui échappent des mains. Il est pris à son propre piège. Décryptage d’une autodestruction politique. 

Soif du pouvoir

Dans une interview qu’il a accordée un an après le début de son second mandat, Issoufou Mahamadou a laissé entendre : « Je suis un démocrate dans l’âme […] Je n’ai pas cette arrogance de penser que je suis un homme providentiel, irremplaçable. » Il est évident que l’ancien chef de l’État s’est attribué des qualités qu’il ne possède point. On le sait, Issoufou Mahamadou s’est arrangé pour garder la haute main sur sa famille politique. Il s’est évertué à devenir le maître [absolu] d’un jeu initié par le PNDS-Tarayya voilà trois décennies déjà. Il s’est construit un mythe, il s’est induit d’un vernis qui cache mal les aspérités troublantes de sa personnalité aux multiples facettes. Fin manipulateur, Issoufou Mahamadou a les formules pour amadouer son monde : « Je suis fier d’être le 1er président démocratiquement élu de notre histoire à transmettre le pouvoir », a-t-il déclaré. En vérité, il ne s’est jamais résolu à tourner le dos aux ors de la République qu’il affectionne plus que de raison. Il a toujours pris des libertés avec la démocratie, l’État de droit. Pour preuve, il a tenté un ‘’3ème mandat’’. Il s’est mis en tête de réduire son successeur en un ‘’homme lige’’ par qui il va perpétuer son règne. Aujourd’hui, Issoufou Mahamadou se retrouve prisonnier d’une situation née de sa soif inextinguible du pouvoir.

Une empathie feinte

« Mohamed Bazoum avait voulu voler de ses propres ailes et s’attaquer à la corruption. Il l’a payé cher », a récemment écrit un journal français. Les événements du 26 juillet 2023 ont dévoilé la facette la plus sombre d’Issoufou Mahamadou. Ce dernier a eu une attitude déroutante lorsque la garde présidentielle s’est retournée contre Bazoum Mohamed. Pour se soustraire de l’indignation collective suscitée par son attitude inexplicable, Issoufou Mahamadou a fini par ‘’condamner’’ l’irruption des militaires aux commandes de l’État. C’est de l’empathie feinte, des paroles sans une once de sincérité. Au sein de l’opinion nationale et internationale, majoritaires sont les tenants de la thèse d’une implication de l’ancien président de la République dans les événements en cours au Niger. Une chose est certaine, le temps joue contre Issoufou Mahamadou dont les dernières ‘’tentatives de manipulation’’ sont toutes tombées à l’eau. L’on se rappelle de sa posture grotesque tendant à s’opposer à une ‘’intervention militaire contre le Niger’’.  Toujours dans sa quête ridicule de plaire à on ne sait qui, Issoufou Mahamadou a essayé de mobiliser ses ‘’partisans de l’Ader’’ pour acclamer les événements du 26 juillet. Vaines gesticulations. Issoufou Mahamadou ne peut éviter le long crépuscule qui ouvre devant lui.

Pris à son propre piège

« Restons unis, l’histoire nous enseigne qu’on est toujours vaincu par sa propre faute et toujours victorieux par la faute de l’adversaire », a dit Issoufou Mahamadou lors du 8ème Congrès du PNDS-Tarayya ce 24 décembre 2022. Tragique ironie, l’auteur de ces propos est en passe d’être vaincu par sa propre faute. Issoufou Mahamadou s’est fait l’artisan de sa propre destruction politique.

 Sophocle, le dramaturge grec, nous a bien prévenus : « Les dieux rendent fous ceux qu’ils veulent perdre. ». Deux mois après les évènements du 26 juillet 2023, Issoufou Mahamadou est plus que jamais dans le brouillard. Son jeu se retourne contre lui. Les cartes lui échappent des mains. Il est pris à son propre piège. Son désir de régner ad vitæ aeternam sur le Niger a réduit à néant tout son parcours politique. « Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables, qui ont tous été remplacés », visiblement Issoufou Mahamadou n’a jamais perçu le sens profond de cette maxime de Georges Clemenceau, homme d’État français. Il s’est cru irremplaçable, voire éternel. Il s’est brûlé les ailes.  

Sidi Tiégoum

Le Renouveau N°31 du 11 octobre 2023

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